Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Vivre et découvrir
20 octobre 2009

Iran 1

Bonjour a tous,

Nous sommes aux EAU et nous vous envoyons des nouvelles de notre sejour - fabuleux - en Iran...

Bonjour à tous,

Nous sommes au jour 67 et passons la frontière turco-iranienne…

L’horreur dans toute sa splendeur !!!

Alors, que je vous raconte :

Nous arrivons et sommes directement perdus entre les barrages militaires et la douane, entre les vrais douaniers et les faux, entre les douaniers en civil et ceux en uniforme, entre les souriants et les indifférents… La plupart ne parlent pas anglais et les noms des bureaux sont notés en turc puis en farsi, rarement en anglais. Il y a des grilles partout, certaines que nous devons ouvrir seuls, d’autres derrière lesquelles nous devons attendre. Si l’entrée en Turquie fut aisée, la sortie fut chaotique. Un homme monte sur le marchepied de Baloo et entreprend de nous guider. Oubliée l’hospitalité, ici, seuls comptent les dollars à tirer des touristes. Que faire ? Expulser notre ‘guide’ et risquer de le blesser ? Le garder et limiter la casse en lui payant son service comme il se doit mais sans excès ? Il est tenace et s’accroche ! Nous devons bien reconnaître que nous avons été bien plus rapide avec son aide que sans. Bref, nous le remercions en lui achetant des devises iraniennes au taux que nous avions préalablement vérifié sur le Net. Pour deux cents euros, nous voici millionnaire en rials ! Ensuite, on se retrouve entre deux grilles : derrière ; la Turquie, devant ; l’Iran. Entre les deux, les formalités… Un autre type se coltine à nous et malheureusement, pour une fois, nous regrettons bien d’être les seuls étrangers. Bon, même si on avait été plusieurs, il faut dire que ce ne sont pas ces personnes qui manquent !!! Une fois encore, on passe les étapes rapidement. Pourtant, c’est encore plus bord------ que du côté turc ! Nouveauté pour nous, le fameux carnet de passage en douane, dit CPD, le passeport de Baloo. On nous mène à un type, assis sur une chaise en métal, au beau milieu d’un hall. Il semble s’ennuyer à mourir ce qui paraît normal vu que c’est son seul boulot et que nous sommes seuls avec un CPD. Bref, il tamponne, soupire et n’a pas un mot aimable. Je vous ai dit qu’en Iran, les carburants sont donnés. Il y a cependant un bémol. Il faut payer une espèce de taxe sur le diesel. La majorité des voyageurs disent rouler à l’essence et passe sans soucis puisque seule la carte verte est vérifiée (le CPD est tamponné sans même avoir été regardé !). Vous comprendrez plus tard comment se débrouillent ensuite ces voyageurs pour payer leur diesel sans preuve d’être en règle avec la taxe… Evidemment, nous, avec un cam’, impossible de prétendre rouler à l’essence !!! Direction un énième bureau, le type toujours à nos basques et rejoint par un ‘copain’ de la douane. Là, les tarifs nous donnent le vertige : 1800 euros pour avoir une carte diesel prouvant que nous nous sommes acquittés de notre taxe, pour un aller simple jusqu’à Bandar-e-Abbas (le golfe, donc) et ce en ligne directe ! Bref, le litre reviendrait plus cher qu’en Turquie, ce qui n’est pas peu dire. Le type de la douane nous dit d’expliquer que nous allons juste en visite chez des gens du côté de Tabriz et que nous reviendrons ensuite chez nous via la Turquie. Soit ! Le prix chute à 168 euros. Heureusement car nous savions qu’il nous serait impossible de retirer des devises en Iran et nous avons prévu des euros et/ou de dollars mais pas pour un tel montant ! Nous payons donc les 168 euros demandés et recevons en contrepartie une carte autorisant autant de litre de diesel que nécessite l’aller-retour vers Tabriz. Evidemment, nos ‘conseillers’ nous demandent des dédommagements et un reste de taxe : 200 euros !!! Nous sommes seuls, il fait nuit (le passage nous a retenu très longtemps car nous avions bien sûr prévu le coup et avions compté large dans notre emploi du temps) et nous ne voulons pas lui faire voir le coffre avec nos réserves. Nous lui en proposons le reste des deux cents euros ayant servis pour la carte, soit les euros qui sont facilement accessibles. Il refuse, c’est trop peu ! Il veut en plus tous nos rials ! Silvio n’a plus le choix. Il tend le paquet de billets en expliquant que c’est tout ce qu’on a eu au change (vous verrez plus tard que nous allons bien récupérer notre mise de départ sur le prix du fuel). Le type accepte, il voit bien que nous n’avons plus rien dans le portefeuille. Nous sommes fatigués, dégoutés et inquiets. Que faire d’ici que nous retrouvions le moyen de changer des espèces en rials ??? En même temps, même ce qu’on a donnés, ce n’est rien par rapport aux 1800 euros demandés officiellement… Nous sommes d’autant plus perplexes que les gars sourient, nous serrent la main (pas à moi, je suis trop en colère et d’ailleurs, en Iran, ils ne peuvent même pas serrer la main d’une femme !) et nous gratifient de ‘Welcome in Iran’. Je leur dis quand même ma façon de penser, on se sent tout sauf bienvenus et la seule envie que nous avons et de dormir et de repasser de l’autre côté de la frontière dès demain ! Ils balayent mes états d’âme d’un geste de la main : que suis-je, moi, femme, pour oser dire quelque chose ? Ils trouvent ça très drôle. Bon, avouons qu’ils nous ont fait gagner beaucoup de temps, de l’argent et qu’ils n’ont jamais été agressifs. N’empêche… Nous quittons cet endroit et partons rechercher un bivouac dans la nuit, ce qui est très malaisé. Heureusement, Madame Nintendo a joué son rôle de kids-sitter et les enfants se sont à peine inquiétés. Comme d’habitude, ils réclament juste à manger ! Nous passons notre première nuit dans un village que nous ne voyions pas et dormons assez bien, une fois que tous les habitants ont eu terminé le tour de la curiosité que nous représentons. Deux hommes nous convient même chez eux pour un thé. Nous refusons en nous excusant vu la fatigue ressentie. Le lendemain matin, on découvre notre bivouac : un tout petit village avec des rues en terre et en pierres (ça, nous l’avions senti !!!). Des enfants partout qui nous disent ‘Hello ! What’s your name ?’… Pas de problème donc pour notre première nuit.

La journée suivante commence mal car nous sommes encore sous le coup de la veille. Par contre, bonne nouvelle, Silvio a retrouvé des sous iraniens dans la poche de son pantalon. Cette somme correspond à ce qu’il avait prévu comme indemnité maximum pour le service des deux gars (dans les faits, cette somme permet de tenir à quatre une semaine en Iran !). Nous avons donc été moins spolié que ce que nous le pensions. Ce n’était pas volontaire mais nous sera bien utile d’ici que nous trouvions nos repères et un bureau de change. Nous roulons vers Tabriz…

Nous bivouaquons aux abords d’un autre petit village et commençons l’école lorsqu’une femme et sa fille viennent nous chercher pour partager le thé. Nous acceptons volontiers et sommes accueillis chez Mohamad, Manzar, Ali et Fatame. Le thé se transforme en repas, puis en soirée. Ils ne possèdent presque rien : lui est blessé suite à la guerre Iran-Irak et elle confectionne des tapis. Ils vivent dans un deux pièces, sans tables, sans chaises et sans lits. Par contre, ils sont tout contents de nous montrer leur TV avec satellite et nous font écouter la télé suisse. Nous apprenons donc, dans un village perdu d’Iran, dans uns maison en terre, assis en tailleur sur des tapis, que Patrick Swayze a succombé à son cancer du pancréas… Nous nous rendons compte que nous sommes loin de la Belgique, loin de la maison, que plus de deux mois sont passés et que nous sommes hors du temps. Ca nous fait tout bizarre… La soirée se passe en papote, eux en farsi, nous en français et en anglais, Fatime ayant ressorti ses cahiers d’école pour l’occasion. Soudain, Mohamad se lève et veut emmener Nicolas. Panique ! Bien sûr, Silvio va avec lui. En fait, ils traversent tout le village, de nuit, car Mohamad veut acheter des chips et du coca pour nous plaire ! Ensuite, ils nous proposent de dormir chez eux. Nous évoquons Baloo et nos lits mais ils insistent. Ils se serrent dans une des deux pièces et posent des couvertures par terre pour nous confectionner des couchages dans la seconde. Le lendemain, nous partageons le petit-déjeuner constitué de crêpes, de fromages, de lait de brebis, de thé, …

Nous les quittons tous émus, afin de poursuivre notre avancée dans ce si grand pays qu’est l’Iran. Nous sommes silencieux et ne parvenons pas à réaliser ce que nous venons de vivre. Jamais nous n’aurions pensé venir en Iran il y a un an et encore moins dormir chez des iraniens et passer de si bons moments avec eux. Nous voici réconcilié avec le pays !!!

Au jour 70, après un bivouac en retrait de la route et au calme, nous reprenons la route et nous arrêtons à Soltaniyeh où nous admirons le troisième plus grand dôme du monde selon eux. Nous faisons également notre premier plein de carburant avec notre précieuse carte (celle achetée à la frontière, donc).

A part ça, nous n’avons toujours rien compris au pays. Nos GSM ont un réseau mais aucun messages ne passe, Internet via le portable ne fonctionne pas non plus, nous ne trouvons pas de cybercafé, nous achetons une carte de téléphone qui ne fonctionne pas en international et nous stressons à l’idée de penser à nos familles qui stressent… Pour manger, nous ne trouvons pas grand-chose non plus : des œufs et du thon en conserve seront nos seules protéines pendant plusieurs jours ! Cela convient parfaitement aux enfants ! Même les poubelles sont introuvables !!! Pourtant, il ne fait pas plus sale qu’en Turquie ou en Albanie (là, c’était le pompon) où il y en avait partout… N’empêche, on ne va pas balader les nôtres jusqu’aux Emirats L. Va falloir trouver des solutions, la situation devient grave !!!

Nous atteignons Téhéran au jour 71 mais avons choisi de contourner la ville, n’ayant pas de demandes de visas à faire et nos préférences allant aux villages, aux rencontres et aux villes d’histoire. Le périphérique de Téhéran est un horreur absolue. Les trois bandes de circulation se transforment en cinq, les gens conduisent comme des oufs ; nous n’avons jamais vu ça. Pas de clignotants, pas de phares avant la nuit complète, des ‘marche-arrière’ et des déchargements sur autoroutes et des directions indiquées bizarrement. Nous cherchons des noms de villes, nous ne trouvons que des orientations en fonction des boulevards qui font office de sortie. Pour corser le tout, les camions sont interdits sur le ring !!! Nous nous perdons donc à Karaj où nous bivouaquons en attendant le lever du soleil et une accalmie que nous savons utopique.

Le lendemain, après une nuit très bruyante, nous tentons de changer des dollars et comme nous sommes garés devant une banque, nous pensions que ce serait simple. Que nenni !!! Nous comprenons que rien n’est simple en Iran, si ce n’est les contacts humains. N’est-ce pas le plus important ? Les enfants trouvent que ‘non, le plus important, c’est de manger, car, en plus, on n’a même plus de bonbons !’. Donc, Silvio se renseigne à la banque où personne ne parle anglais. Karaj est pourtant une grande ville de banlieue à vingt kilomètre à peine du centre de Téhéran. Il montre les dollars, rien n’y fait. Il montre la carte visa afin que nous poussions retirer au guichet (les automates refusant), à défaut de pouvoir changer mais ce n’est pas possible non plus. Les employés de la banque vont chercher un voisin qui parle anglais afin de nous aider… Ce monsieur arrête son travail d’indépendant et conduit Silvio avec sa voiture dans trois autres banques dont la plus grande de la région. Les transactions demandées sont refusées partout. Ce monsieur a un frère dentiste expatrié aux Etats-Unis, il nous propose donc de nous racheter nos dollars et de les donner à son frère quand il le reverra. Il nous a fait un change tout à fait honnête et se retrouve donc avec deux heures en moins pour faire son boulot et des dollars dont il ne saura que faire pendant plusieurs mois. Merci mille fois à lui !

Nous courrons au magasin chercher des victuailles afin de faire moult ripailles… Nous ne trouvons que des œufs, du thon et des étagères remplies de paquets de chips de toutes les couleurs et de biscuits. Je tique un peu : quid de l’équilibre alimentaire de mes deux héritiers ? Bon, nous trouvons aussi des fruits et des légumes mais rien qu’ils aiment !

Que nous réserve la suite ?

A suivre, donc J

Publicité
Commentaires
T
Super de vous lire!<br /> On s'y croirait!<br /> Je vous souhaite bonne route!
D
Bonjour a vous tous,<br /> nous lisons avec intérêt vos ''Aventures''Iranienne <br /> d'autant plus que nous somme rentres de ce pays au mois de juillet après un séjour de + 1 mois, et nous sommes surpris, quant a vos problèmes, nous avons passé la douane a Gurbulak avec un Scam équipe d'une cellule, 2pers + 1toutou un peu longuet mais sans aucun problème et sans la taxe GO ce nous a bien sur oblige a faire les pleins en parallèle avec les camions, pour le GMS aucun problème non plus,(vu les évènements ils ont peut-être coupe le réseau ?)<br /> les réseaux WI-Fi seulement dans les hôtels et dans les grandes villes.<br /> par contre la gentillesse et la serviabilité étaient la même, pour le change aucun problème en ville, dans les hôtels,pour la nourriture sur les marchés et souvent au restaurant, pas très bon<br /> les meilleurs exp. sont les routiers. en bref: attention a tout ce qui est rapport Argent ils n'ont aucune parole,si vous voulez des renseignements avec grand plaisir.<br /> sommes rentrés par l'Arménie et la Géorgie.<br /> A vous lire Denise et Dieter
A
Que d'émotion vous nous faites vivre avec une telle expédition, une fois encore, je vous tire mon chapeau devant autant de sang froid et de faire play.<br /> Quel courage.<br /> Je vais aller lire la suite des évènements.<br /> Bisous
P
Chère(surtout en rials:gag)famille;<br /> J'espère que vous allez bien et que vous persévérez dans vos péripéties...<br /> D'un coté,je vous plains sincèrement pour le stress,l'inconfort,le fait de toujours devoir rester sur vos gardes etc...,autant je vous envie terriblement pour cette irremplaçable leçon de vie et cette aventure riche à tous points de vues.<br /> D'autant que cette richesse là prévaut largement sur la richesse purement matérielle:c'est celle que vous aurez en vous et que vous emmenerez jusque dans votre tombe(mais le plus tard possible,hein!...)<br /> Plusieurs mois ou années après que vous aurez rejoint vos pénates,je suis sûr que seul les souvenirs positifs vous resteront en mémoire.<br /> Bon courage,je pense très fort à vous...
C
que c'est génial de lire vos aventures en Iran...on se réjouit de lire la suite ! <br /> big bisous, catherine & co
Publicité