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Vivre et découvrir
17 janvier 2010

Sri Lanka suite.

           Bonjour à tous,

               Nous voici au 31 décembre. Demain débutera l’année de notre retour puisque nous ne sommes partis que pour un an… Je vous écris du bord de la mer, avec vue sur les palmiers et les dattiers, juste après avoir dégusté une noix de coco fraîche… Le soleil brille et nous avons trente-cinq degrés vers quatorze heures. Je vous donne envie, n’est-ce ? Eh bien, sachez que ce fut loin d’être tous les jours aussi idylliques L.

             Je vous avais laissé au jour 162, sur Kandy. Ce jour est un exemple parfait d’une journée différente, difficile et que nous n’aimons pas ! Nous partons tout d’abord pour le jardin botanique qui, d’après le guide et les Sri Lankais eux-mêmes, est un des plus beaux d’Asie. A la caisse, comme d’habitude, nous payons vingt fois le prix que payent les locaux. Pour les enfants, le tarif est soixante fois plus élevé… Qui dit mieux ? Cinq roupies pour les enfants d’ici, trois cents pour les nôtres ! In fine, nous payons le même prix que chez nous. Le jardin est certes très beau mais nous sommes quand même déçus. Pour ceux qui connaissent le jardin de Meise, on y trouve également, comme à Kandy, des serres d’orchidées ou de cactus. Certaines de ces serres nous sont interdites pour cause d’entretien. Quant aux arbres, il s’agit évidemment d’espèces locales que nous ne voyons pas chez nous. Nous sommes sous un ciel gris et la pluie menace, avant de tomber vraiment. Dans le parc, des jardiniers n’hésitent pas à demander des pourboires pour nous avoir montré l’une ou l’autre chose… Ca gâche un peu la visite…

                          Nous filons ensuite vers l’Orphelinat des éléphants de Pinnawela en vue d’observer le nourrissage aux biberons des éléphanteaux. Alors là, pour ceux qui nous lisent et qui souhaiteraient se rendre au Sri Lanka, qu’ils sachent que c’est la plus grande arnaque touristique de l’île. Le chauffeur nous avait bien un peu prévenus mais nous avions déjà parlé de cette visite aux enfants et n’avions pas trop envie de les décevoir en annulant l’excursion (que seuls – ou presque – les parents d’enfants font !!!). La durée tout d’abord… En une heure, vous avez facilement fait le tour. Ensuite, ‘Orphelinat’ est un nom inexact car plusieurs bébés ont une maman présente. En fait, ce sont souvent des éléphanteaux nés en captivité, comme on peut en voir dans nos zoos (il suffit de s’inscrire à leur newsletter pour être informés des naissances). Nous ratons le nourrissage, simplement parce que les bébés sont déjà assez vigoureux pour se nourrir seuls de feuilles ou de fines branches. Il y a également quelques éléphants blessés qui sont recueillis et soignés et enfin, des éléphants qui ont subi des mauvais traitements et qui espèrent des jours meilleurs. Les animaux sont le plus souvent enchainés ou derrière de gros murs en béton et on ne peut pas les approcher… Donc, la seule et unique différence par rapport aux zoos est que vous pouvez les voir en troupeau, ce qui est également possible, si vous êtes un peu chanceux, dans un des nombreux parcs naturels que compte l’île. Bref, nous voici devant le guichet et les différents tarifs. Plus de vingt fois plus chers pour les étrangers encore une fois. Plus cher qu’une journée au zoo en Belgique ! Je refuse de participer à cette escroquerie et Silvio va donc seul avec les enfants observer les pachydermes. De mon côté, j’observe les gens. Tout un spectacle également ! Une famille de Singapour profite de sa couleur de peau pour tenter de resquiller. Normal, ils sont six et doivent payer les tarifs pour ‘riches’ ! Raté ! Le type au guichet se met à leur parler en cinghalais et voilà le patriarche démuni. Pas grave ! Il y a une banque et un change juste à coté et la maison accepté la carte bleue… Suit un long débat entre les parents et les enfants. Les enfants gagneront ! Pas comme d’autres enfants, anglophones, dont le père refuse catégoriquement de retirer une fois de plus un tel montant à l’ATM local. Il part fâché, les enfants suivent en pleurant, la mère essaie de consoler… Malgré cela, les vendeurs et mendiants vous harcèlent encore à la sortie. Normal, eux aussi veulent une part du gâteau. Certains touristes restent zens, d’autres explosent… Bon, voilà Silvio et les enfants sortis. Ils se frayent un passage entre les dits vendeurs et mendiants et arrivent jusqu’à moi juste à temps pour se faire happer par un artisan dont le job consiste à fabriquer du papier à base d’excréments d’éléphants. Ben tiens… Heureusement, les enfants sont ravis de leur visite. Ah, la naïveté des enfants, ça rafraîchit !!! Nous reprenons ensuite la route pour retourner sur Kandy. Une heure trente de route qui tourne tantôt à gauche, tantôt à droite. Et sans la Nintendo, s’il vous plaît ! C’est dire qu’ils sont heureux, les petits. Ils me racontent la visite en détails et on prit de superbes photos avec leur petit appareil. Le chauffeur voit bien qu’il y a quelque chose qui ne va pas et comprend ce que nous ressentons. Nous lui expliquons que tout cela joue contre les Sri Lankais car tous les plans, bons ou mauvais, se retrouvent sur Internet. Ces attitudes créent donc des problèmes aux gens honnêtes qui essayent de s’en sortir vaille que vaille (oui, il y a aussi des gens merveilleux ici !). Par exemple, sur certains sites, il y a des comparatifs ‘qualité / prix’ sur les tours à dos d’éléphants. Il y a des vraies différences entre les divers endroits ; les gens ont raison de se renseigner. Dans notre cas, nous avons payé deux fois mois cher que d’autres et étions en bordure de jungle alors que certaines familles se promenaient sur la route dans le flot de voitures. Il y a aussi des agences qui remboursent le tour s’il pleut alors que vous êtes à peine partis (sage précaution). D’autres se contentent de vous prêter un parapluie ! Et surtout, ce qui importe pour nous, c’est le traitement réservé aux animaux. Dans bons nombres d’endroits, les éléphants sont maltraités, ne sont pas dessellés entre les clients, n’ont pas d’abri à l’ombre, … Sur ce dernier point, seul un excellent rapport de confiance avec votre chauffeur vous aiguillera… Eh bien, c’est pareil pour l’Orphelinat… Nous avions préparé notre tour des Emirats avec les enfants ‘dans les pieds’ et n’avions pas toujours Internet mais, la même préparation faite depuis la Belgique m’aurait permis de connaître les bons et les mauvais endroits et d’organiser un peu mieux le circuit… Vous, par exemple, si vous souhaitez un jour visiter le Sri Lanka, n’hésitez pas à nous contacter pour connaître les coordonnées personnelles de notre chauffeur, les hôtels à éviter (certains n’ont pas hésité de nous compter les nuits en plus des repas alors que ces dernières étaient déjà payées par l’agence !), la meilleure saison (pas celle-ci !), les excursions peu touristiques qui vous apprendront beaucoup sur le pays et sur ces habitants, …

                          Donc, nous sommes déjà d’une humeur très moyenne lorsque nous retrouvons notre hôtel et elle devient vraiment très mauvaise lorsque nous demandons une table pour faire l’école et que celle-ci nous est refusée ! Jamais, nulle part, on nous a refusé de nous installer à une table du resto. Si pour l’une ou l’autre raison ce n’était pas possible, on nous installait ailleurs, fut-ce dans le bureau du manager. On ne gène en rien le travail des garçons de cuisine et, même, la plupart du temps, ils prennent plaisir à papoter avec nous du voyage ou de leur vie. Ils aiment feuilleter les livres d’écoles des enfants et, étant parfois peu scolarisés, donnent leur opinion sur la difficulté de travail. Les enfants se sentent compris, les garçons compatissent bien mieux que les parents ! Pas ici, manifestement ! Aucune compassion, ni envers eux, ni envers nous. Juste un refus sec ! Les enfants ne voient pas le mal, que du contraire ! La chambre étant très peu éclairée, les voilà avec trois jours de «vacances ». ..

                           En soirée, nous assistons à un spectacle de danse kandyenne. Les danses n’ont rien à voir avec le théâtre dansé que nous avions découvert en Inde. Ici, les percussionnistes s’en donnent à cœur joie et les danseurs remuent en rythme et font des saltos avant ou arrière. La finale nous offre le spectacle de danseurs faisant glisser une torche enflammée sur leur corps. Nous sentons la chaleur de cette flamme de là où nous nous trouvons ! Ensuite, ils passent plusieurs fois sur un brasier, pieds nus. J’ai eu l’occasion de voir leurs plantes de pieds par après : rien ! De la suie, bien sûr mais pas la moindre trace d’une éventuelle brûlure. Ils expliquent cela par le fait qu’ils sont très concentrés et qu’ils ont acquis un certain niveau de sagesse et atteint un certain stade de paix intérieure… Bon, nous devons vraiment être loin de ces stades car nous ne parvenons même pas à approcher notre paluche du fameux brassier.

                           Le lendemain, nous sommes le vingt-quatre. Il y a des années de cela, en pleine nuit, Jésus naissait. Il y a un peu moins longtemps, en journée, Silvio aussi ! Nous nous levons tôt suite à la décision commune de plusieurs petits singes qui ont en tête l’idée de démonter le toit en tôle ondulée du bâtiment situé juste à côté du notre. L’expression « malin comme un petit singe » est vraiment d’actualité ! Ils ont observé que des vis manquaient au toit et ils se mettent à plusieurs pour soulever le côté non fixé et à le faire retomber sur les montants métalliques. Quel vacarme ! Ils savent vraiment faire beaucoup de choses. Par exemple, hier, il y en a un qui a essayé d’ouvrir la porte de la chambre. Il tournait la clenche dans le bon sens et il est heureux pour nous que nous ayons pensé à également fermer le verrou intérieur. Parfois, le singe est poli et frappe préalablement à la porte qui donne directement sur un couloir extérieur ou sur un balcon. Les occupants, pensant qu’il s’agit d’un garçon d’étage, ouvrent la porte sans arrière pensée. Catastrophe !!! En quelques minutes, la chambre est sens dessus dessous !!! Vu leur dents pointues et bien longues (observées lors des bâillements), peu se risquent à récupérer les affaires chipées ! Encore un exemple ? Un autre primate a retiré une ampoule électrique de son soquet. Ensuite, il a longtemps regardé l’ampoule, puis le soquet, a essayé de remettre l’ampoule là où il l’avait prise et finalement, a trouvé plus simple de la jeter par terre, via le balcon, à l’étage inférieur. Un petit singe peut donc être très dangereux !!!

                           Soit… Le ciel est bleu jusqu’à dix heures, ensuite, il se couvre de nuages. Silvio découvre avec joie les cadeaux que nous avons eus un mal de chien à lui dégoter en Inde. Ensuite, il va se balader un peu. A Kandy, un cuisinier de l’hôtel le reconnaît et, comme Silvio lui parle du manque d’authenticité du pays, il le conduit vers le bazar de la ville. Silvio hésite car on n’ose faire confiance à personne tant  les récits d’arnaques sont courant. Finalement, Silvio le sent bien et accepte la proposition qui se révèle honnête. Le cuisinier est un Sri Lankais qui veut que nous gardions une image positive du pays, probablement J. Il est tellement content qu’il revient nous chercher pour que nous y retournions en famille. Nous prenons un tuk-tuk, notre chauffeur étant en congé, et découvrons une foule de petits commerces et, enfin, des locaux qui font simplement leurs courses comme tout le monde. Nous achetons des épices dix fois moins chères que dans les ‘Spice Garden’ (les mêmes, dans le même emballage !), des produits de soin à base de plantes (toujours dix à quinze fois moins cher), … Par contre, nous ne nous risquons pas au batik car le chauffeur nous a expliqué qu’ils étaient certes moins chers mais de bien piètre qualité. Ceux que vous achetez directement dans une bonne usine sont à ce point fiable que l’agence se porte garante en cas de défaut quelconque et vous rembourse, en cas de problème, sur base du ticket d’achat.

                             Nous apprenons ce jour une triste nouvelle : Trincomalee est sous eau. Nous nous demandions en début de séjour pourquoi les frigos à boisson étaient si rouillés mais la réponse est simple. Tous les rez-de-chaussée sont noyés régulièrement pendant les moussons. Le restaurant de l’hôtel où nous étions est hors d’état de fonctionnement comme nombre de chambres. En pleine saison touristique, Trinco n’avait pas besoin de ça en plus du reste… Quel courage de pouvoir sans cesse se relever et se remettre en selle…

                           Le soir, nous fêtons l’anniversaire de Silvio et la naissance du Christ devant un bon buffet, avec de la musique et, même, le passage d’un Père Noël masqué qui offre ballons et bonbons aux enfants. Une bonne journée, donc !

                           Nous prenons ensuite la route vers Nuwera Eliya. Il s’agit d’une route de montagne qui tourne pas mal. Le paysage est splendide et verdoyant. La culture du thé est omniprésente. Malheureusement, pas le soleil, ce qui rend ce paysage fort triste. Nous visitons une fabrique de thé et recevons des explications détaillées d’une jeune femme musulmane, hyper souriante et patiente pour répondre aux questions des enfants. Elle ne demande aucun pourboire et du coup, nous avons envie de la remercier en lui en donnant un ! Elle nous rappelle vraiment les Iraniennes. Séquence nostalgie ! Nous dégustons une petite tasse du thé local, vraie spécialité du pays et grignotons un morceau de cake. Les prix dans le magasin sont très doux et aucun vendeur ne vous suit… La visite est donc à recommander à tout point de vue, que l’on soit buveur de thé ou non. A Nuwera, nous sommes à mille huit cents mètres d’altitude et il fait froid. Bien sûr, tout est relatif… En vérité, nous avons seize degrés. Nous n’avons cependant jamais eu si froid en journée depuis que nous sommes redescendus du col du Grand St Bernard entre la Suisse et l’Italie, il y a de cela cinq mois et demi ! En plus, le ciel est bas et il pleut. Naturellement, ils ne connaissent pas le chauffage central à l’hôtel mais seulement le feu ouvert, qu’ils n’allument pas. On grelotte ! Même les locaux gardent leur veste. On a remis des pulls et des chaussettes mais ça ne suffit pas… Vivement la douche chaude ! Quelle déception… Pas plus d’eau chaude que de chauffage. Et cette fois, je me demande vraiment ce que je fais là avec mon mari et mes enfants. Pourquoi débourser des sommes folles pour être moins bien que dans notre camion ? Nous n’avons jamais d’eau froide, dans Baloo. Nous avons un excellent chauffage inutile jusqu’à présent mais néanmoins testé en hiver, en Belgique, alors qu’il gelait… On discute un peu de tout cela avec notre chauffeur. Nicolas et moi voulons rentrer aux Emirats. On en a plus que marre de la pluie. Aves Baloo, on serait déjà partis plus loin depuis longtemps ! Silvio et Romane veulent rester. On se met d’accord pour rester mais dans d’autres conditions… Nous avions demandé des hôtels moyens lorsque nous avions réservé le tour puisque nous sommes habitués de vivre dans des modestes conditions mais nous souhaitons avoir au moins le minimum, à savoir ce que nous avons dans le camion. Nous nous arrangeons avec l’agence (pas simple, un jour de Noël, même si presque personne n’est chrétien…) et modifions un peu la suite de l’itinéraire et surtout la qualité des hôtels suivant. Le supplément de prix est dérisoire et, franchement, à tout ceux qui souhaiteraient visiter le pays, demandez d’office des bons hôtels car la qualité est nettement supérieure pour une faible différence de prix.

                            C’est ainsi que nous redescendons vers Ella un jour plus tôt que prévu. Nous avions aussi profité de notre discussion avec notre chauffeur pour lui demander de nous permettre autant que faire ce peu de visiter des endroits moins touristiques afin de sentir et de ressentir quand même un peu le Sri Lanka. C’est ainsi que nous avons pris le train pour faire le trajet Nuwera – Ella. Un vrai train d’ici, dans lesquels il n’y a aucun « blanc », où nous payons le même prix que tout le monde et où nous voyageons debout, compressés contre les autres, comme tout le monde. Le train est vieux, la peinture est défraîchie et certains sièges sont éventrés par l’usure du temps. Les fenêtres regorgent de visages et les gens « pendouillent » vaille que vaille aux portes. Nous nous frayons un chemin vers le centre de wagon afin d’éviter tout risque de chute aux enfants si il y avait bousculade aux arrêts. Enfin, nous choisissons une position relativement stable et confortable en vue d’entamer nos trois heures de routes. Le paysage est splendide, verdoyant à souhait. Les gens sont aimables avec nous bien qu’étonnés de nous voir parmi eux. Les vendeurs ambulants sont d’une adresse extraordinaire et vendent leurs marchandises sans nous marcher sur les pieds. Lorsqu’il se met à pleuvoir (encore !), il y a un challenge qui consiste à refermer les portes laissées ouvertes même pour rouler et ce, sans envoyer personne dans les champs de thé. Le train fuite de partout, alors, les gens se serrent encore un peu plus pour permettre abri à tout le monde. C’est ainsi que vous voyez jusqu’à onze personne sur les banquettes face à face prévues pour deux fois deux personnes. Lorsqu’il y a un tunnel (et il y en a beaucoup), les gens crient, comme sur les attractions à sensation à Walibi. Une fois les portes rouvertes (nouveau challenge), un type s’amuse avec des copains à remonter le train wagon par wagon, par l’extérieur, et m’offre une fleur cueillie sur un buisson en tendant le bras… Les gens essayent de nous parler mais nous ne comprenons toujours pas le cinghalais ni même le tamoul. Des femmes musulmanes font preuve de leur légendaire hospitalité en nous cédant leurs places assisses alors qu’elles-mêmes restent debout. Je suis contente de pouvoir les remercier en arabe… qu’elles ne connaissent pas ! Nous vivons une grande expérience que nous aimons tous beaucoup (à l’exception de Nicolas). Nous apprenons deux jours plus tard que, suite aux pluies diluviennes, un glissement de terrain a mis cette ligne hors d’état pour un certain temps. Par chance, le train du jour était passé quelques heures plus tôt ! Décidemment, nous précédons les catastrophes !

                         A Ella, nous tentons de nous réchauffer un peu. Nous nous sentons mieux et surtout, nous rencontrons Jean, Jacky et leurs enfants, une fille et un garçon, presque du même âge que les nôtres, belges, du BW et francophones donc ! Quelle joie d’utiliser le français !!! Et nous voilà partis pour ce qui devait n’être qu’un court échange d’impression sur le pays… Comme nous, ils en ont marre des prix exorbitants, comme nous, ils recherchent un peu d’authenticité, comme nous, ils descendront rapidement vers le sud pour chercher le soleil qui manque ici. Enfin, comme nous, ils rentreront bientôt aux EAU. En effet, ils vivent depuis plusieurs années à Dubaï. Ils nous aident à calmer notre Nicolas. « Ca ne sert à rien de vouloir rentrer à Abu Dhabi, bonhomme, il pleut également ! ». Et nous voilà requinqués !!! Nous avons opté pour la meilleure solution : rester au Sri Lanka mais se diriger rapidement vers le sud. Nous avons de nouveaux amis, qui nous invitent à Dubaï, où les enfants pourront jouir de la piscine en attendant l’obtention de nos visas suivants et où je pourrais lessiver en utilisant leur lave-linge (vous savez comme le mien me manque…). Jean connaît bien le Koweït, il pourra donc nous donner des ‘trucs et conseils’ au cas où nous serions trop justes avec notre transit saoudien et où nous devrions alors y faire étape. Malheureusement pour nous, il connait aussi très bien Oman et nous fait regretter, une fois de plus, de ne pas avoir pu y rentrer. La vie, quand même… Jamais nous n’avions rencontré autant de gens ayant visité et adoré Oman que depuis que nous n’avons pas pu y rentrer !!! Jean nous conseille d’essayer au moins Mussadam. Nous verrons bien le temps dont nous disposerons entre nos démarches… Nous sommes ravis de notre soirée et nous quittons après que toutes les lampes aient été éteintes, au pied de l’escalier menant à nos chambres respectives.

                           Le lendemain, il fait ensoleillé et chaud lorsque nous nous baladons dans les montagnes et admirons les panoramas de la région. Il fait encore plus chaud lorsque nous arrivons au Parc National de Yala. Nous partons, en jeep, visiter ce dernier et avons beaucoup de chance. Nous voyons un éléphant se nourrir (certes, pas le premier mais celui-ci est sauvage) et tombons nez à nez avec un second un peu plus loin. Nous rencontrons également des crocodiles, des varans, des iguanes, des buffles, des antilopes, des sangliers, de nombreux oiseaux tels la cigogne, le paon, l’aigle, le pélican, … Nous apercevons furtivement un ours caché dans les feuillages en train de déguster son casse-croute. Et aussi, nous voyons deux léopards, plus rares, plus rapides, plus difficilement observables, signes d’un safari réussi. Nous sommes vraiment contents d’autant que nous savons que certains ont bien moins de chance que nous… Au retour, nous sommes interpellés par un couple américain qui veut tout savoir. Le chauffeur est-il bon ? Le parc vaut-il vraiment la peine ? … Ils en ont marre également d’être victimes des arnaques à touristes (faut dire qu’ils sont déjà passés par Pinnawela, donc, ils se méfient). Ils ne sont pas les premiers, ils ne seront pas les derniers à nous poser ce genre de questions avant d’entreprendre une visite.

                           Le lendemain, nous partons visiter des salières et l’usine de sel. Quinze tonnes de production en une heure. Quel rendement ! Ensuite, nous nous promenons dans le port de pêche. Nous avons la chance d’être convié à bord d’un bateau et de pouvoir le visiter. Eh ben, je suis contente du confort que nous avons dans Baloo ! On sera content de le retrouver, tiens… Les marins partent à six, pour une durée d’un mois, en haute mer. Ils ont donc six couchettes (poisseuses) dans la cabine de pilotage. Une salle de bain/ cuisine à une taque de cuisson qui permet tout juste de se retourner et de laisser trainer sa brosse à dents. Peu d’armoire, peu de chose à emporter avec soi. Une photo de sa femme et de ses gosses, parfois de la Sainte Vierge au cas où, quelques sarongs et autres vêtements légers et faciles et surtout, dans les soutes, de l’eau potable, de l’eau douce, des conserves et une trousse de secours. Au retour, dans les congélateurs, il y aura des centaines de kilos de poissons et, sur le pont, six hommes épuisés.

                           Au jour 168, nous décidons de partir en vacances dans un hôtel au bord de la mer et de ne rien faire d’autre que de profiter. Nous sommes assez fatigués, les enfants ont pris du retard pour l’école et je souhaite faire des lessives ici, tant qu’il ne pleut pas et que j’ai de l’eau à volonté. Nous nous dirigeons donc tranquillement vers Bentota. En route, nous passons par Galle et visitons le quartier du Fort en bord de mer, nous voyons aussi des pêcheurs sur perches comme il y en a beaucoup de ce côté de l’île. Nous visitons également une ferme de tortues. Le responsable de la ferme rachète des œufs de tortues trouvés sur la plage. Cela évite aux œufs d’être mangés et permet à ceux qui les trouvent de gagner quelques roupies. Lorsque les œufs éclosent, les bébés sont rendus à la mer. Il y a aussi quelques tortues blessées, notamment à cause des filets. Il faut savoir que les pattes arrière des tortues se régénèrent car elles sont constituées de cartilage. Les pattes avant où il y a de vrais os, restent quant à elles blessées à vie. Nous apprenons une foule de choses sur les diverses espèces, sur leur longévité, leur nourriture, leur mode de vie, … Il y a aussi Sam, une tortue de mer de trois ans très affectueuse (oui, oui, c’est possible). Elle s’approche près de vous et aime particulièrement se faire caresse là où le cou est mou, tout proche de la carapace. Le propriétaire était imprimeur jusqu’au jour où le tsunami emporta avec lui une bonne partie de sa famille. S’ensuivit une dépression importante et une tristesse omniprésente que seuls les animaux pouvaient lui faire oublier. Sam étant ce quelle est, il n’a pas pu la relâcher comme les autres. Victime de sa gentillesse ? Peut-être… Mais grâce à Sam, les visiteurs comprennent beaucoup de choses sur la problématique des ses animaux tués, malgré les interdictions, pour leur carapace ou leur peau. Certains font des donations et permettent ainsi au centre de poursuivre le sauvetage des œufs et, même, de faire un peu de recherche. Romane et Nicolas écoutent les explications, posent plein de questions, caressent les tortues et observent les bébés dont la carapace, sur la face ventrale, n’est pas encore entièrement soudée. Quand il est proposé à Romane de rendre un bébé à la mer, elle ne se tient plus de joie face à une telle responsabilité. Pourtant, elle hésite, craignant que le bébé ne se fasse prendre dans un filet ou, ne soit simplement pas heureux. Elle se décide finalement, emmène une minuscule tortue avec elle et la dépose telle une fragile porcelaine sur le sable. Et bien, croyez le ou non, mais c’est rapide, parfois, une tortue ! A tel point que j’ai raté la photo cruciale où Romane la relâche. La petite bête avait à peine posé une patte sur le sable que la voilà à courir, dans la bonne direction, à la recherche de la première vague qui l’emporterait vers ses congénères. Dans trente ans, si c’est une demoiselle que Romane a choisi, elle reviendra pondre sur cette même plage d’autres bébés… Evidemment, ceux qui connaissent notre Romane se doutent bien qu’ensuite, de longues minutes furent nécessaires pour la rassurer quant au devenir de la tortue… Quoiqu’il advienne pour elle, sa vie, c’est dans la mer qu’elle doit la vivre, pas dans un bassin…

                           Nous passons ensuite voir une fabrique de masque. Le Sri Lanka est réputé pour cet art. Le musée nous permet de comprendre la raison d’être du masque et de voir en quelles circonstances ce dernier est utilisé (point de carnaval ici…). La fabrique nous laisse voir et entendre des artisans.

                           Plus tard encore, nous faisons un tour en bateau dans les Backwaters Sri Lankais. La faune et la flore sont impressionnantes et, dans la mangrove, nous approchons de très près des varans aux dents bien pointues. Les Sri Lankais étant majoritairement bouddhistes, ils ne tuent pas les animaux et ont donc décidé de réserver une des nombreuses îles de l’endroit aux serpents dangereux. Lorsqu’ils capturent un de ces derniers, il est déposé dans un filet ou une malle en bambou et emmené vers son nouvel habitat, l’île aux serpents, donc, qui grouillent de cobras, vipères et autres pythons. Nous accostons sur une île plus accueillante, l’île au Cinnamom, habitée par un couple de personnes assez âgées, nous semble-t-il. Ces gens sont d’une pauvreté extrême et ne possède rien d’autres qu’un peu de matériel de cuisine et quelques vêtements rapiécés. Pour survivre, ils travaillent le bois de Cinnamon pour en récolter les écorces et l’huile qu’ils revendent en état ou en poudre. Ils tressent également des cordes ultra solides en fibres de coco et, enfin, ils peuvent vous tresser un toit en feuille de coco. Garantie : un an ! Toutes les ressources de la nature sont utilisées, avec des techniques ancestrales qui vous laissent les mains pleines de cals et vous prennent un temps fou… Mais qu’est-ce que le temps quand on vit seuls sur une île avec pour seule horloge le soleil ???

                           Nous atteignons l’hôtel après une journée bien chargée et très riche. Nous resterons quelques jours et profiterons à fond de ce que peut offrir ce coin de paradis. A un Noël froid et pluvieux suivra un Nouvel An chaud et idyllique. Ainsi fut décidé, ainsi fut fait ! Une chose nous frappe cependant et, d’un coup, grâce à ce séjour, nous comprenons mieux le comportement de nombreux Sri Lankais à l’égard des blancs et des non Sri Lankais. Les gens peuvent être vraiment odieux avec le personnel. Ainsi, on casse de la vaisselle, on claque le doigt pour appeler le garçon, on lui montre les dégâts et on l’ignore pendant qu’il ramasse. On enguirlande copieusement et devant tout le monde le cuisinier qui a omis de vous mettre des morceaux de tomates dans votre omelette, on dépense quinze mille roupies en paréos d’un seul coup mais on refuse de donner un petit  pourboire, on se promène en bikini-string sur les plages (et encore, heureusement que le monokini est interdit !) et bien sûr, à sept heures du matin, on place sa serviette sur un transat avec un roman et un tube de crème solaire histoire de monopoliser le dit transat pour que personne ne puisse l’utiliser jusqu’à ce qu’on revienne après avoir pris une longue douche et un copieux petit-déjeuner. Pourtant, les locaux au sens large (Sri Lankais riches, riches Indiens, Malais et Singapouriens) ne sont pas en reste… On laisse sa chambre dans un désordre épouvantable et, parfois même, en ne jugeant pas utile de refermer le robinet après usage, on hurle dans les couloirs dès six heures du matin, on pousse et dépasse tout le monde au buffet, y compris d’autres enfants qui s’en sortent à peine et lorsqu’il y des jeux ou des sports à l’hôtel, on va chercher la balle de ping-pong dès le matin et on la conserve sur soi ou on monopolise les raquettes de squash toute la journée en chambre ou encore, on enlève une ou deux pièces au jeu d’échec ; le but étant de conserver le droit absolu de jouer sans avoir à attendre son tour, quitte à priver tous les autres. Le pire est que lorsque nous en parlons au responsable, pauvre bougre au t-shirt troué tout en bas de l’échelle, il nous fait comprendre qu’il ne peut rien faire devant ces riches familles qui reviennent régulièrement. Ces gens les traitent comme des petits chiens … Situations vues, vécues ou racontées par les garçons du service en chambre. Certains nous ont regardés avec des yeux de merlans frits lorsque nous les avons remerciés. On a réitéré notre ‘merci’ pensant naïvement qu’ils n’avaient pas compris ce que nous disions. Ils nous ont expliqué que les autres gens préféraient laisser un pourboire sans même lever les yeux vers eux. L’un n’empêche pourtant pas l’autre… Si, dans toute l’île, les Sri Lankais imaginent les touristes ainsi, nous ne nous étonnons plus d’être traités parfois de façon si peu respectueuse…  Ou d’être regardés comme des bêtes curieuses lorsque nous achetons nos paréos chez une couturière locale, ou lorsque nous nous promenons dans le bazar et prenons le train… Tout s’explique…malheureusement. C’est navrant car le Sri Lanka a bien plus à offrir que ses plages et ses hôtels à touristes. Si vous aimez les vieilles pierres, ce pays peut vous plaire. Si vous êtes en harmonie avec la nature, ce pays est fait pour vous également. Comme me l’a dit un habitant : « L’île a tout, absolument tout, sauf la neige ou le désert ».

                           Nous terminons notre tour de l’île quelques jours plus tard par la visite Colombo. Nous passons par le quartier des affaires, par la « maison blanche », le bâtiment de l’indépendance, un parc, le musée et, suie à des travaux sur l’artère principale, nous nous perdons un peu dans des quartiers plus pauvres où des enfants jouent entre des maisons colorées… avant de nous rendre à l’aéroport pour nous envoler vers Abu Dhabi où nous attend Baloo, où Anne-Marie et Michel viendront nous chercher à la descente de l’avion, où diverses démarches devront être accomplies pour poursuivre notre voyage et où nous irons revoir une dernière fois les amis que nous nous sommes faits sur place, à Abu Dhabi, à Dubaï ou à Medina Zayet.

                                Les nouvelles risquent donc d’être assez monotones pour vous qui nous lisez… A très bientôt quand       même J

                          

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Commentaires
S
En vous lisant cela me donne la nostalgie du Sri Lanka.
A
Chère Françoise, <br /> <br /> j'ai lu ton roman hier soir juste avant d'aller me coucher, oui c'est captivant, et je me demande toujours combien de temps tu dois passer à taper tous tes messages tant ils sont consistants.<br /> Hier soir j'étais crevée, avec un mal de tête en prime mais il n'était pas question que j'aille au lit sans finir ton récit du jours.<br /> Par contre pas eu le courage de laisser un message d'où le fait que je revienne aujourd'hui.<br /> Que de choses que vous traversez, que de questions, que de situations cocasses, mais aussi de beaux moments de bonheur.<br /> J'ai regardé les photos et comme je te le disais, j'adore celle avec le bébé tortue.<br /> Je pense si souvent à toi et à toutes les photos que tu auras à traiter quand vous serez rentrés.<br /> Si tu voyais comme le scrap évolue, c'est incroyable.<br /> Je te ferai un mail à côté pour t'en dire plus.<br /> Je ne veux pas surcharger ta messagerie , sachant que vous n'avez pas beaucoup de temps pour aller sur le net.<br /> De gros gros bisous à vous 4, c'est un réel plaisir de lire votre récit.<br /> A bientôt Françoise.
M
je découvre votre blog et j'ai été très captivée par votre séjour au Sri Lanka, je m'y suis retrouvée... il y a maintenant trois ans, j'ai fait le voyage avec mes filles pour découvrir le pays et aussi suivre les enfants parrainés par l'association que nous avons crée en 2005 suite au dégât du tsunami (ma fille et mon beau-fils avait programmé un voyage en amoureux et devait partir le 27 décembre 2004, si le coeur vous en dit, vous pouvez suivre la suite le l'histoire sur le site: www.operationsrilanka.com)<br /> revenons au vacances, nous avons aussi par la ferme aux tortues, la lagune, Nuwara ellia avec un passage au sommet du pic d'Adam 7h de marche et 4'500 escaliers..., puis Kandy avec le train, Dambula Singirya,Polonnaruwa, Pinnawala.. Que de beaux souvenirs qui reviennent en mémoire... <br /> je vous souhaite beaucoup de bonheur pour la suite de votre voyage et profiter à fond.... <br /> amicalement<br /> Monique
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