Bonjour à tous,

Nous nous étions quittés alors que nous visitions des wadis, véritables petits paradis terrestres aux paysages somptueux. Nous en avons profité comme il se doit, sachant bien que ce genre d'endroit se fait de plus en plus rare. Ensuite, nous sommes allés nous balader dans ce qu'on appelle ici les 'Hanging Gardens', à savoir, des pans de montagnes où la roche nue semble vouloir toucher le bleu du ciel. Régulièrement, des 'jardins' de pierres avec des petites fleurs qui colorent les pierres et les habillent d'un tapis vert et blanc.

Bien sûr, il nous fallait ensuite rentrer aux EAU afin de poursuivre nos démarches en vue de sortir, enfin, de la péninsule arabe. Alors que nous arrivons un peu blasés à la frontière (ce n'est que la cinquième fois que nous rentrons aux EAU!), quelqu'un nous assourdi avec son klaxon. Nous n'y prêtons guère attention, nous avons l'habitude... Les camionneurs pensent que nous n'avons rien à faire dans leur file et les automobilistes pensent de même... Les passages de frontières sont toujours un peu bizarre: nous ne sommes à notre place nul part! Cependant, nous voyons peu après un homme gesticuler dans tous les sens. Il s'agit de Khalifa, le policier rencontré à Abu Dhabi, en novembre, peu après notre arrivée sur le territoire. A l'époque, il nous avait reçu chez lui. Il réitère son invitation! Il nous convie au repas familial chez lui près d'Al Aïn et nous prie de tout cœur de ne pas rentrer sur Abu Dhabi dès ce soir. Nous acceptons volontiers, ravis de le revoir. La soirée est délicieuse. Lui, sa femme et ses enfants nous accueillent en amis! Suite à une de mes questions, ils nous offrent un chapelet, objet hautement symbolique pour tous les musulmans pratiquants. Ensuite, la femme de Khalifa offre deux robes et deux voiles à Romane ainsi qu'une robe, des voiles et du tissu pour moi. Nicolas, quant à lui, se voit offrir une dishdasha! Khalifa nous ramène ensuite chez 'nous', chargés de nos paquets cadeaux.

A chaque retour aux Emirats, nous avons la joie de voir quelqu'un qui se fait une joie de nous accueillir!

Malheureusement, tout n'est pas toujours aussi beau, simple et agréable. Avant d'aller prendre du bon temps dans les wadis, nous avions pris nos renseignements à l'ambassade d'Iran quant aux délais nécessaires à l'obtention de nos visas. Il nous avait été répondu que la durée d'obtention avoisinerait les quarante huit heures. Nous avons donc décidé de passer faire nos visas en revenant de notre escapade. Quelle ne fut pas notre déception lorsqu'à notre retour, le même homme nous parla d'un délai de quinze jours maximum! Motif: nous ne sommes pas résidents!!! D'abord, nous lui avions précisé cela dès notre première entrevue; ensuite, nous sommes choqués par le fait qu'un belge ou un suisse ordinaire n'est pas traité comme un belge ou un suisse expatrié. Si cela peut se comprendre sur le territoire même des Emitrats, nous ne comprenons toujours pas ce que cela change pour l'Iran, l'Arabie, Oman ou l'Inde, pays pour lesquels nous avons déjà eu à subir de grosses différences de délais et de prix au niveau du traitement de nos dossiers. Bref, nous revoilà à errer, sans avoir de délai précis et donc sans savoir de combien de jours nous disposons vraiment pour aller à gauche ou à droite. Nous ne souhaitons pas trop nous éloigner d'Abu Dhabi pour passer à l'ambassade au moindre signe afin de grapiller quelques jours... Nous en avons marre des Emirats qui sont, certes, attrayants quand on y est expatriés mais bien moins quand on y tourne en rond depuis des mois à quatre dans un camion... Pour nous consoler et pour faire plaisir aux enfants, nous allons manger des délicieuses pizzas cuites au four. On s'occupe comme on peut...

Aux Emirats, nous avons eu des surprises excellentes: Wanda et Jannes à l'aéroport d'Abu Dhabi, Khalifa à la frontière omanaise et ce jour, alors que nous venons de changer les draps de lits et que c'est le souk dans Baloo, nous voyons rentrer un jeune Emirati souriant et très élégant: Sager! Quelle joie!!! De suite, quand il comprend que nous attendons encore une fois des visas, il nous invite chez lui à Al Sila. Nous déclinons, tout tristes, son invitation; Al Sila étant quand même à trois cents cinquante kilomètres d'Abu Dhabi!

Le lendemain, nous rejoignons Dubai afin de retrouver la famille 'Philéas', rencontrée pour la première fois au lac de Van. Depuis une semaine que nous échangeons coups de fil et sms, nous finissons par nous rencontrer chez les amis qui les accueillent pendant que leur véhicule se repose quelque part sur les flots entre l'Inde et les Emirats. Nous voici donc avec Rémy, Florence, Lila et Myette chez Dominique et Sylvette qui nous reçoivent extrêmement gentiment. Joie des retrouvailles et des nouvelles rencontres, échanges de nos impressions de voyages, apéro, repas partagé, piscine pour les enfants... Nous aimons à penser que nous avions encore quelque chose à vivre dans ce pays. En soirée, Sylvette et Dominique nous emmènent pour un barbecue dans le désert. Nous y passons un excellent moment et rencontrons d'autres français: René et Brigitte. La soirée passe vite, comme toujours quand les moments sont bons. Rapidement, il ne reste que deux camions: Philéas et Baloo, ainsi que leurs occupants qui ne cessent de deviser joyeusement . La nuit est courte mais très calme; nos plus proches voisins, des dromadaires, étant à quelques centaines de mètres... Nous quittons cependant cet endroit car nous subissons un vent assez fort et le sable rentre de partout et nous oblige à circuler dehors avec les yeux fermés. Nos amis 'Philéas' prennent la route d'Oman pour une petite semaine et nous retournons sur Dubaï afin de nous renseigner encore et toujours par rapport à une éventuelle sortie (définitive!) du territoire. Nous visitons le quartier de Deira en profondeur, faisons une courte ballade en boutre et emmenons nos enfants s'instruire à la cité des sciences. Nous passons aussi saluer nos amis Jean et Jacky qui nous reçoivent toujours aussi gentiment. Ensuite, nous cherchons un bivouac calme sur la plage de Jumeira où nous rejoindront rapidement nos amis 'Philéas', heureux et ravis de leur séjour en Oman. Les adultes discutent et se plient aux tâches d'intendance, les enfants s'éclatent ensemble, toute la journée, sur la plage.

Nous assistons à quelque chose de nouveau pour nous ici aux Emirats et de suffisamment rare pour figurer sur notre blog: il y a eu un orage! Un vrai de vrai, qui fait du bruit et qui mouille!!! Vous auriez du voir le lendemain matin, les rues inondées (les égouts sont inexistants) et les Emiratis tout fous, comme le sont les gosses chez nous lorsqu'il y a de la neige. Sauf qu'ici, les 'gosses' sont des adultes et les traineaux des grosses 4X4 puissantes avec lesquelles ils passent la journée à faire des dérapages! Incroyablement jouettes, les jeunes locaux! Mais que peuvent-ils faire d'autres? Etudier? Dans quel but? La plupart d'entre eux n'aura jamais à travailler pour vivre, la rente sur les revenus du pétrole suffisant à leur offrir un certain confort. Ces jeunes ont toujours eu tout ce qu'ils souhaitaient sans avoir à fournir un quelconque effort et sont comme des rois dans leur pays sachant que personne ne peut leur faire de remarques sous peine d'être expulsés. Il y a certes de lois mais elles n'ont d'effets que sur les expatriés. Les gens d'ici, eux sont au dessus. Drôle de pays que nous commençons vraiment à bien connaître, tant au niveau géographique qu'au niveau des us et des coutumes.

Nous avons le plaisir de revoir Sylvette et Dominique que nous apprécions énormément, tout comme nos enfants. Le moral étant bas chez les 'Baloo', comme on nous appelle, Sylvette nous prépare des frites! Soyez, Dominique et Sylvette, une fois encore remerciés pour votre extraordinaire accueil! Une bouffée d'oxygène après le coup de massue qui nous attend. Nos visas iraniens sont attendus pour le lendemain, soit le maximum du délai annoncé. Nous recevons le soir même un appel de l'ambassade: il y a un problème. Silvio et les enfants, de nationalités suisses ont obtenu un visa de quinze jours sans lettre d'invitation; moi, belge, je me suis fait refuser l'entrée en Iran. Ceci est une catastrophe dans la mesure où le retour par l'Iran était notre derrière solution. J'enrage, car dès le début, je sentais que ma nationalité ne m'apporterait rien de bon mais je n'avais plus le temps de prendre la nationalité suisse. Nous sommes effondrés tous les quatre par ce nouveau coup dur. Nous sommes entourés par des gens qui réussissent leur voyage et bien que nous soyons heureux pour eux car nous apprécions réellement ces personne cela nous rouvre sans cesse des cicatrices que nous n'avons même plus de temps de refermer. Après Oman et l'Arabie, avions-nous besoin de cette nouvelle épreuve? Et pourquoi? Pourquoi autoriser trois visas quand la famille est composée de quatre personnes? Pourquoi alors que nous avions passé un mois en Iran en octobre? Pourquoi alors que c'est notre pays 'coup de cœur'? Nous ne comprenons plus... Sommes nous maudits?

C'est sur ces questions, sur ces doutes, sur ce moment de désespoir que je vous laisse car si notre raison sait qu'à l'échelle de l'éternité, ces soucis ne sont que des détails, si elle nous dit aussi que la situation pourrait être bien pire, notamment si il arrivait quoique ce soit à nos enfants, nous voyons notre temps de voyage diminuer, la température augmenter dangereusement, notre foi en nous diminuer chaque jour en peu plus et notre rêve de voyage s'effondrer, sans en être vraiment responsables dans la mesure où nous avons préparé notre voyage en 'bon père de famille'. Par ailleurs, nous trouvons très utile de publier ce genre de message car ils sont très peu nombreux sur les blog de voyage. Or, si le voyage, même le notre, est d'une incroyable richesse, les moments difficiles existent, quel que soit le niveau de préparation. Cela, il faut le savoir et ne pas avoir peur de l'écrire parce que c'est la vie, avec ses hauts et ses bas. C'est notre vécu et notre réalité en cet instant.

Nous espérons vous écrire rapidement avec de bien meilleures nouvelles et sommes désolés pour ceux d'entre vous qui ont acheté une carte du monde juste pour nous suivre... Elle sert très peu, nous en sommes conscients...

EAU: A quand une solution pour en sortir???

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