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Vivre et découvrir
19 juin 2010

Georgie

Bonjour tout le monde,


Au jour 315 (déjà!), nous passons la frontière, sortons de Turquie et entrons en Géorgie. Passage facile: pas de bakchich, pas de visa, pas de taxes et même pas d'assurance! Ensuite, nous sommes face à l'inconnu: nous ne possédons pas de cartes routières, pas de guides; la Géorgie ne faisait pas partie de notre itinéraire de départ... Heureusement, nos amis Bernd et Bärbel nous avait offert une copie de leur site Internet lors de notre dernière rencontre à Palmyre, ce qui nous permet de lire le récit de leur séjour ici et surtout, de trouver notre premier point 'I' (Information). C'est ainsi que nous nous posons à Batumi, première ville géorgienne, juste en face du 'I' que nous avons déniché au hasard de notre errance entre bâtiments récents et joliment peints de couleurs pastels et autres bâtiments, gris béton, datant de l'époque soviétique. Les rues, quant à elles, sont dans un état catastrophique, une fois encore!

Une fois munis d'une carte de Batumi, d'un mini-guide sur le pays et d'une carte de Géorgie, nous partons explorer la ville, ses parcs et sa plage et admirer les jeux de fontaines.

Nous sommes dans un autre monde bien qu'à seulement une dizaine de kilomètres de la Turquie et à une semaine de notre dernier pays arabe: les tops moulants aux décolletés plongeants ont remplacé les foulards turcs, arabes ou iraniens, les hommes 'torse-nu' et bedonnants sont moins avenants que les Emiratis en dichdacha (à mes yeux le summum de la prestance et de l'élégance quand accompagnée du keffieh, de l'agal, des tongues blanches et des lunettes de soleil ), la bière bue au goulot nous est proposée à la place du thé et la musique (du rap ou de la techno) hurle plus fort que les muezzins. Nous sommes mitigés: Silvio s'adapte assez vite et bien à son nouvel environnement; moi, je déteste, toujours un peu nostalgique des pays précédemment visités!!!

Nous sommes cependant d'accord sur une chose, on se sent bien plus en insécurité ici que dans tous les autres pays traversés depuis que nous avons quittés l'Europe. Pourtant, il est important de souligner que rien, absolument rien, n'étaye objectivement ce sentiment: une ville propre comme on n'en a plus vue depuis très longtemps, peu de graffitis, personne pour nous importuner, une police omniprésente et discrète... Un sentiment on ne peut plus subjectif, donc!

Nous sommes également un peu déboussolés car nous découvrons que le géorgien n'a rien à voir avec le cyrillique... Nous avions quelques repères de cette langue écrite que nous avions déjà rencontrée en Bosnie-Herzégovine et en Macédoine mais n'en avons aucun en géorgien et les indications sont loin d'être toujours en plusieurs caractères: parfois, nous trouvons du russe, rarement de l'anglais. Quant à demander au gens, ce n'est pas plus simple, nous ne comprenons pas leur langue et eux, dans leur grande majorité, ne connaissent aucune langue européenne. Par ailleurs, si nous nous essayons au russe, nous fermons d'autres portes: d'abord, on ne nous comprend pas mieux, ensuite, il faut penser à ménager les susceptibilités et ne pas oublier qu'une partie de la Géorgie est toujours occupée par les Russes et que ces derniers ont beaucoup détruit et tué de nombreux Géorgiens. Partout, on peut voir des traces de la guerre sur les bâtiments. Les locaux nous font comprendre à quel point ils détestent les Russes, ... L'ambiance peut être pesante mais s'allège quand ils comprennent que nous ne sommes pas Russes et pas non plus russophiles! Rapidement, nous demandons à un commerçant de nous traduire quelques mots indispensables tels que 'bonjour', 'merci', 'pain', 'eau', 'lait', ... et directement, le contact passe mieux.

Nous fêtons en Géorgie et à la campagne selon ses souhaits, les onze ans de Nicolas. A peine garés, les gens viennent nous voir! Nous sommes assez proches d'une usine de crème glacée et en recevons plus que nous ne pouvons en consommer. On reçoit également des fruits et de l'eau. Et puis, des bières, bien sûr, à la grande joie de Silvio qui en avait presque oublié le goût et la couleur. Nous sommes touchés par cet accueil, d'autant que ces villageois vivent dans des HLM grises et vieillottes.

Nicolas, pour sa part, est ravi de sa journée d'anniversaire. Il a reçu un couteau suisse acheté préalablement aux Emirats et s'amuse à tailler des flèches et un arc et ensuite, fabrique un petit radeau qu'il testera dans les nombreuses rivières que nous croiserons.

Plus tard, nous visitons le monastère d'Ananuri, protégé par une enceinte, et situé sur un lac de retenue. En sortant, une sympathique vendeuse nous offre d'essayer des bonnets et des vestes caucasiennes, essayages auquel nous nous prêtons avec un grand plaisir...

Les routes que nous empruntons longent l'Ossétie du Sud mais rien ne vient perturber le calme de la région. Nous décidons alors de monter voir les plus hautes montagnes de Géorgie et de nous approcher de la frontières russe. Nous traversons de superbes paysages, de gigantesques troupeaux de moutons ou de vaches et faisons route vers ce qui nous semble être le bout du monde tant les routes, justement, finissent par ne plus exister, au profit de pistes inondées par les rivières formées par la fonte des glaciers. Nous souhaitons aller visiter un monastère duquel la vue sur les monts du Caucase est, paraît-il, splendide mais la route qui y mène, comme beaucoup d'autres, s'est effondrée!

Par contre, en arrivant près du poste frontière avec la Russie, nous avons la surprise de découvrir que celui-ci, fermé depuis des années est à nouveau ouvert. Des Arméniens, des Ukrainiens et même des camions russes passent!!! Ayant un accès très limité aux informations, nous n'avions pas entendu parler de cette réouverture, pas plus que les Géorgiens à qui nous en avons d'ailleurs parlé par la suite!

Nous redescendons ensuite vers le lac Bazaleti où les enfants nagent et passent la plus grande partie de la journée à faire flotter les radeaux et autres navires construits le jour de l'anniversaire de Nicolas. Les Géorgiens viennent se poser près du lac en soirée (nous sommes en semaine), musique à fond et bière à volonté. Quelle ambiance! Quel bruit!! Par contre, quel bonheur de voir un peuple ainsi meurtri encore capable de s'amuser...

Nous nous dirigeons ensuite vers Tbilissi, non sans nous être arrêtés à Mtskheta pour visiter les différents monastères, dont celui de Jvari.

On nous avait dit beaucoup de bien de Tbilissi mais sommes assez déçus par ce que nous y trouvons. Le centre ville est certes joli mais, une fois encore, les rues de quartiers entiers sont défoncées, les maisons abimées voire partiellement écroulées et la majeure partie du centre semble être en rénovation. De nombreux mendiants tendent la main... Par ailleurs, nous avons fait le tour de ce centre rapidement mais ayant promis aux enfants de manger au restaurant, nous traînons jusqu'à ce qu'il soit l'heure de manger.

Le lendemain matin, Petr que nous avions rencontré au lac Bazaleti, nous aperçoit et vient nous saluer. Nous lui demandons si l'adresse de l'ambassade russe que nous possédons est correcte. Il nous assure que 'oui' et propose gentiment de nous y guider afin que nous ne nous perdions pas parmi les nombreuses rues à sens unique. Nous avons en effet décidé d'aller tâter la température au sujet d'un éventuel transit par la Russie pour notre retour vers l'Europe. Certes, obtenir le visa russe est un vrai casse-tête mais on souhaiterait quand même obtenir des informations car, passer par la Russie signifierait bien moins de kilomètres à parcourir qu'en passant par la Turquie et, surtout, payer le fuel beaucoup moins cher. Arrivés devant les portes de l'ambassade, il y a foule. Des gardes empêchent l'entrée au bâtiment. Seul un intermédiaire nous parle et, comme il ne sait rien, il nous dit juste d'attendre. Il propose également de nous vendre des tickets d'avions ou des réservations d'hôtels pour Moscou, histoire de faciliter l'obtention du dit visa. On lui a pourtant bien expliqué que nous ne passerions pas par Moscou, que nous voyageons en camion-caravane, que nous souhaitions juste longer la mer noire et rejoindre l'Ukraine le plus vite possible! Bref, nous ne sommes pas du tout sur la même longueur d'onde et avons l'impression d'être traités comme des chiens! Ce n'est pourtant pas notre première ambassade... Les Géorgiens semblent être habitués à ce traitements car personne ne bouge, personne ne rouspète... Je suis épatée par leur attitude zen mais en même temps, déçue que les différents régimes politiques puissent à ce point brider les caractères.

Nous attendons dans Baloo et faisons l'école mais, lorsque nous retournons devant les portes, rien n'a changé, la foule est toujours présente, les gardes aussi et nous ne pouvons pas entrer. Il y a un écusson suisse près de la porte et il semble que les Suisses et les Russes se partagent le bâtiment. Nous sortons donc nos passeports et demandons alors aux gardes d'entrer dans notre propre ambassade (l'idée étant d'au moins aller demander un avis) mais, là encore, notre demande se voit rejetée. Que penseraient les représentants Suisses si ils apprenaient que leur ressortissants ne peuvent même pas avoir accès à leur service??? Nous laissons tomber et décidons de poursuivre notre route. Nous ne sommes pas en danger de mort (heureusement!) et avons d'autres choix d'itinéraires pour rentrer chez nous! Nous l'avons déjà écrit, nous ne sommes pas russophiles et moins encore à présent...

Nous quittons donc cette ambiance détestable pour nous rendre au monastère 'David Cergeti', perdu dans les steppes semi-désertiques proches de l'Azerbaïdjan. Les paysages sont fabuleux, le monastère superbe et bâti en partie dans la roche. De plus, nous y rencontrons Irène et André, Français en vacances en Géorgie et en poste à l'ambassade de France à Minsk, en Biélorussie. On leur raconte notre aventure avec l'ambassade russe mais ils ne semblent même pas étonnés...

Nous nous rapprochons de l'Arménie et avons hâte de découvrir ce pays (et accessoirement, de quitter la Géorgie). Nous avons eu un mal fou à trouver ce que nous cherchions tout au long de notre séjour ici... Les sites à visiter ne sont presque pas signalés, il y a du monde dans tous les monastères et les gens font énormément de bruit alors que d'habitude, par exemple en Syrie, l'atmosphère est plutôt propice au recueillement, nous ne trouvons pas de cartes postales si ce ne sont des reproductions d'icônes ou des cartes de propagande anti-russe, pas de boissons fraîches pour les gamins (il y a bien des frigos mais ils ne contiennent que des bières, rarement des sodas et exceptionnellement des jus de fruits), peu de fruits ou de légumes, difficilement du lait, pas de céréales pour le petit-déjeuner, ... Nous avons appris à nous adapter mais ici, nous avons encore bien plus de difficultés qu'en Iran qui, comparativement, nous semble maintenant être un pays de tout les possibles...

Mais, il y a du bon en Géorgie: les paysages et la gentillesse des Géorgiens. Aujourd'hui encore, alors que nous demandions pour la xième fois notre chemin, un local, parlant allemand et ravi de nous le prouver, nous a offert des bières en précisant qu'il était très pauvre, qu'il avait tout perdu mais qu'il souhaitait cependant nous remercier de visiter son pays en nous offrant le peu qu'il pouvait. Pour la petite histoire, ce monsieur vivait en Abhakazie et voue une haine féroce aux Russes.

Nous vous partagerons notre habituel petit bilan lorsque nous vous relaterons notre itinéraire de retour car, quel que soit le chemin que nous emprunterons par la suite, il nous faudra ressortir d'Arménie par la Géorgie, n'ayant pas le temps de repasser en Iran et ne pouvant transiter ni par l'Azerbaïdjan ni directement par la Turquie; les frontières terrestres avec ces deux pays étant toujours fermées à ce jour.

Nicolas et Romane souhaitent bon courage à tout ceux qui sont encore en examens et un excellent début de vacances à ceux qui ont fini. Eux? Ca va, ils terminent leurs matières; Romane, très tranquillement ayant pris pas mal d'avance; Nicolas, plus difficilement mais courageusement quand même.

Nous nous retrouverons donc pour découvrir l'Arménie...


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Commentaires
A
Un nouveau pays, une nouvelle expérience, mais toujours des petits points positifs dans tout ce que tu nous racontes.<br /> Bonne continuation, et à bientôt.<br /> Gros bisoussssss
S
BON ANNIVERSAIRE NICOLAS !! De gros bisous de Picardie (ba oui, ici, c'est pas la Géorgie!!) ou il ne fait toujours pas beau. Il y a bien longtemps que le soleil ne nous chauffe plus de ces rayons et que les barbecues sont à la remise !!! Le salon de jardin ? Oui, dehors, mais sous une bâche et la piscine ? Encore dans le carton !!!! <br /> J'adore vos récits sont toujours formidable et souvent, j'y reviens pour le relire correctement. <br /> Amicalement<br /> Cé
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