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Vivre et découvrir
3 avril 2010

Iran; le retour

Bonjour à tous, Nous nous retrouvons au jour 244, à Bandar Abbas, en Iran donc, sur le Golfe Persique. La nuit fut courte et le sommeil mauvais entre les bruits de roulis du ferry. Nous accostons et sortons parmi les derniers, peu enclins à se faire bousculer de tous côtés. De toute façon, Baloo ne sortira que lorsque tous les passagers auront mis pieds à terre. Au service d'immigration, toujours seuls étrangers et également les seuls sans aucun bagage, c'est un peu gênés que nous acceptons les propositions de Iraniens de remonter toute la file et passons donc parmi les premiers. Heureusement car trois heures plus tard, certaines familles faisaient toujours la queue! Par ailleurs, bien que rentrés officiellement en Iran parmi les premiers, nous sortons du port bons derniers, après des nombreuses heures d'attente et de 'balades' dans différents bureaux afin de faire cacheter un nombre incroyable de papiers pour Baloo. Dans chaque bureau, nous sommes perdus entre les guichets qui ne comportent aucune indication en anglais. Des hommes des services des douanes prennent le 'Carnet de passage' et l'emmène à droite et à gauche sans nous donner la moindre information. Le mot d'ordre est simple: 'Wait, wait... it's Iran!'. Donc, nous patientons... Bravo à Nicolas et à Romane qui ont été particulièrement sages... Ben, oui, neuf cachets dans le 'Carnet', à raison de près d'une demi-heure par cachet, ça fait un sacré paquet de minutes... Alors que nous avons longtemps envié les petits oiseaux pour la facilité avec laquelle ils passaient les frontières, sans visas et sans soucis de volant, nous voilà ravis de ne pas être américains... Les seuls mots anglais que nous trouvons sont des slogans anti-américains dont: 'Down with the U.S.A.'. A quoi cela sert-il donc? Quel est le but de la présence de ces slogans? Nous quittons le port vers seize heures alors que nous y sommes arrivés en début de matinée. Bien que de nombreuses personnes se soient occupées de nos papiers, personne ne nous demande un quelconque bakchich. Personne non plus nous propose de carte 'fuel' et, comme nous savons que cette dernière coûte mille huit cents euros, nous ne demandons rien, certains de pouvoir compter sur la gentillesse des camionneurs pour nous réapprovisionner en fuel à 0,11 cents le litre. Nous payons juste des taxes et recevons un reçu pour chacune d'elle. Nous lisons à présent les chiffres en farsi et en arabe et constatons que les montants demandés sont bien corrects. Nous quittons la région du Golfe vers Kerman, heureux de rouler, enfin, vers d'autres cieux. Que faire en quinze jours en Iran? Que visitez pour un second séjour, désireux que nous sommes d'éviter les villes où des tensions réelles existent entre force de l'ordre et jeunes ou étudiants? Nous décidons de privilégier les paysages et de profiter humblement de ce qui se présentera sur notre route. Après Kerman, nous choisissons de remonter vers le nord via le désert, dit sans vie, du Dasht-e-Lut. Sans vie est une formule inadéquate car il y a des mouches! Des centaines de mouches qui élisent domicile dans Baloo dès que nous ouvrons les vitres de la cabine. Des panneaux signalent aussi des dromadaires que nous ne verrons pas. Et, enfin, bien sûr, il y a les militaires et la police, omniprésents, à ne rien faire sinon nous contrôler! Très vite, nous ne rangeons même plus nos passeports tant nous avons à les montrer! Ceci dit, la grande majorité de ces militaires et policiers sont sympathiques et simplement curieux. Des franches poignées de mains et des contrôles de routine puisqu'ils sont payés pour en faire... N'empêche, en cette période de Nowruz durant laquelle les routes sont hyper fréquentées, on les préférerai un peu moins zélés! Les paysages sont splendides et nous nous en mettons plein la vue! L'eau est rare mais les mosquées sont présentes tous les cinquante kilomètres. Nous montons jusqu'à deux mille six cents mètres et vivons encore des températures de quarante degrés lorsque nous redescendons à moins de mille mètres. Nous parvenons à Deyhuk, petit village où de nombreux iraniens campent près du parc. C'est une pratique courante, en Iran. Les gens voyagent et n'ont pas toujours les moyen de se payer un hôtel ou un restaurant. Ils circulent donc dans leurs vieilles voitures où ils s'entassent parfois à huit ou dix personnes et dans lesquelles ils empilent vaille que vaille leurs affaires, dont la tente qu'ils déplient à chaque repas et pour la nuit. Ces tentes ont toutes la même forme et au plus les couleurs sont criardes, au plus elles plaisent... N'empêche, quel courage de bivouaquer ainsi, dans le froid... Parce que oui, après les quarante degrés d'hier, nous ne sommes plus qu'à quinze! Nos voisins directs nous lancent des 'I love you' alors que nous sortons visiter le vieux Deyhuk. Sur la route vers Maschad, nous bivouaquons près d'une école, malheureusement fermée pour cause de vacances, et vivons une nuit glacée avec des températures extérieures de moins dix degrés et une température de huit degrés dans Baloo lorsque nous nous réveillons le matin! Nous qui vivons depuis huit moins en t-shirt et en tongues (et en KW au Sri Lanka :-), nous sommes frigirifiés! Pour cause d'urgence, un grand rangement de Baloo s'impose!!! Adieu T-shirt, shorts et jupettes. Nous retrouvons nos vestes belges, nos bonnets, nos gants et écharpes. Les lits sont recouverts d'épais sacs de couchage. Baloo reçoit, pour sa part, une bonne ration de liquide antigel. Nous sommes prêts à poursuivre notre route parmi les conducteurs iraniens auxquels nous décernons la médaille des pires conducteurs que nous ayons jamais vus! Ici, lorsque nous voyons un conducteur conduire de travers et passer de gauche à droite sans arrêt, nous savons que l'alcool n'y est pour rien. Nous avons pris le temps d'observer et avons compris la raison de cette conduite fantaisiste: des gamins, moins âgés que notre Romane, sont installés sur les genoux du père. Pendant que le fiston gère le volant, le papa téléphone et s'occupe des vitesse et des pédales. Certains conducteurs sont très pressés, d'autres sont contemplatifs. Selon le genre, ils n'hésitent pas à dépasser ou à s'arrêter, sur un ligne blanche ET en plein tournant ET en montée ET par un brouillard à couper au couteau. Nous voyons évidemment des accidents mais somme toute assez peu nombreux compte tenu du folklore de la conduite locale! Pour Silvio, la conduite demande une attention soutenue à chaque instant. Évidemment, avec ce froid et cette humidité, alors que nous n'avons pas été malade depuis le départ excepté une ou deux journées de désagréments digestifs chacun, nous nous enrhumons sérieusement tous les quatre. Nous avions chaud mais pourquoi passer du tout ou rien? Ou sont les climats tempérés? Enfin, ce n'est pas encore trop grave, on vit ce que vous avez vécu il y a peu. Nous passons Maschad sans la visiter à cause du mauvais temps et bivouaquons dans un petit village près de Dowlat Abad. Les gens nous regardent comme si nous étions des extraterrestres mais les jeunes semblent ravis du divertissement que nous leur offrons. Alors que nous roulons au pas, à la recherche d'une poubelle (objet extrêmement rare dans certaines régions d'Iran) dans la petite ville d'Esfarayen, une vieille guimbarde s'arrête près de nous. Le conducteur, Ghosem, souhaite nous inviter chez lui pour partager le repas. Enchantés, nous acceptons. Il parle anglais et, pour une fois, nous parvenons à bien communiquer. Nous apprenons ainsi que le Nowruz a ses codes, comme Noël ou Pâques chez les chrétiens. Ghosem et son épouse Samaneh ont dressé une table spéciale sur laquelle trônent sept coupes, les sept 'S', sept mets ou objets dont le nom commencent par un 'S' et qui symbolisent le Nouvel An. Au milieu: un Coran. Tout cela est déplacé afin de nous dresser une table de fête. Nous sommes les premiers invités de ce couple marié depuis à peine un mois! Nous sommes nourris jusqu'à plus faim: bonbons, chocolats, biscuits faits mains, fruits secs, kebabs commandés spécialement au restaurant (c'est que Ghosem et Samaneh s'apprêtaient à se rendre dans la famille quand ils ont décidé de nous ouvrir leur porte!), riz, salade, yaourt, ... Nous sommes repus! Nos hôtes veulent nous laisser leur maison jusqu'à leur retour mais nous déclinons l'offre: l'Iran est un très grand pays et nous voulons garder quelques jours de notre visa en réserve au cas où. Ils ont voulu être certains que nous ne manquions de rien pour reprendre la route et nous ont gratifié de fruits, des bonbons, etc. Notre route est parsemée de rencontres, brèves ou plus longues, mais toujours sympathiques. Tel commerçant n'hésite pas à nous conduire chez un concurrent qui vend la marchandise que nous recherchons, tel camionneur nous klaxonne un salut et nous croise en souriant de toutes ses dents bien blanches, tel autre nous prête volontiers sa carte fuel, tel passant nous crie un 'Welcome in Iran', ... L'Iran, ça remue les convictions profondes! Et jamais, au grand jamais nous n'entendons les phrases si souvent prononcées en Inde ou au Sri Lanka: 'Hé, Mister, give me a tip! Give me money!'. Pourtant, nous pouvons vous assurez que des Iraniens pauvres voire extrêmement pauvres, il y en a. Mais en Iran, les choses se font dans la spontanéité ou ne se font simplement pas. A ce stade de notre parcours de retour, nous n'avons pas encore tout vu... Nous décidons, afin d'éviter le périphérique de Téhéran que nous trouvons infernal, de prendre la route vers Gonbad-é-Kavus, plus au nord et, tant que nous y sommes, de visitez le Golestan, à savoir, la steppe turkmène iranienne que nous imaginons superbe. Nous ne serons pas déçus! Nous sommes béats devant les paysages et admirons les dromadaires que nous voyons et qui sont bien plus poilus, froid oblige, que ceux que nous avions rencontrés aux Emirats ou en Oman. Notre itinéraire nous permet de voir, par exemple, des yourtes au toit de feutre noir. Évidemment, notre lenteur, dans un pays où les habitants s'enquièrent directement d'un soucis que nous pourrions avoir, nous fait rencontrer les locaux, dont Alim. Alim est le 'maire' (quid de l'appellation en farsi?) d'un tout petit village perdu au cœur de la steppe dont le nom est Qareh Makher. Il nous invite pour le thé. Nous voyons ensuite arriver un plat de poulet et d'oignons ainsi qu'un pain sorti du four. Nous dégustons. Alim téléphone partout, jusqu'à trouver Behruz qui parle quelques mots d'anglais. Une fois les présentations faites, il déclare que nous sommes ses amis et les amis du village! Nous partons donc découvrir ce dernier... Il s'agit d'un village turkmène où les hommes portent des chapeaux turkmènes, où les femmes s'habillent de robes et des voiles colorés et où les enfants ont peur de l'appareil photo. Le village vit de l'élevage des moutons et du filage de la laine. Il y a aussi de nombreux dromadaires et tous les animaux de la bassecour. Des chiens, aussi, pour mettre de l'ordre dans tout ce petit monde... L'accueil est chaleureux. Nous sommes émus. Plus tard, Alim nous emmène voir les troupeaux. Les bébés dromadaires d'abord qui broutent avec leurs mères près des yourtes où des femmes font le pain. Au passage, nous enlevons aux bébés étonnés leur pitance et goûtons à ce lait de chamelle que nous leur cédons bien volontiers tant ce dernier est aigre à nos palais. Nous rencontrons également une famille de bergers turkmènes. Teuïli et sa famille nous reçoivent dans leur minuscule logis chauffé et éclairé à l'aide de lampes et de poëles à pétrole. Une fois encore, le thé nous est offert ainsi qu'un repas constitué de riz et de moutons. Cette famille qui vit de rien nous offre ce qu'elle a. Nous passons une superbe soirée. Les livres scolaires des enfants de la famille sont bien utiles. Comme chez Fatime lors de notre trajet aller, les images nous aident à nous comprendre. On montre, ils nous disent le mots en farsi ou en turkmène, nous donnons la correspondance en français et en anglais et cela nous permet d'échanger plein d'informations sur nos vies dans nos pays respectifs. La femme de Teuïli sort de sa robe une feuille pliée en huit et me la tend. Que du farsi sauf quelques mots d'anglais: les mêmes que chez nous; les hormones de grossesse et, à côté, les dosages sanguins. Je risque un geste vers mon ventre et un mot: 'Baby?'. Eclats de rires, applaudissements, ... J'ai compris!!! Une petite place sera trouvée pour disposer le petit berceau en corde et peau de bête, typique de cette région du monde, d'ici quelques mois. Du coup, nous revoilà avec un verre de thé pour fêter l'évènement! Trop beau, trop riche, trop époustouflant, ces rencontres... La nuit, couchés par terre chez Alim, nous avons revu toutes ces personnes que nous ne saurons jamais assez remercier. Bien sûr, nous devons reprendre la route après ce séjour car nous venons de remonter sur l'axe sud-nord mais il nous reste l'axe est-ouest. Notre départ est extraordinaire. Nous avons laissé à ce village deux grosses caisses de matériels scolaires que nous avions récoltés grâce à vous et offert aux enfants les petits paquets joliment décorés par Sophie (soit en remerciée, Sophie, si tu me lis. Tu ne peux imaginer le visage radieux des enfants...). De leur côté, ils nous ont tout offert: l'hospitalité au sens large, la possibilité de goûter des mets nouveaux, d'entendre des consonances linguistiques nouvelles, de baigner dans des couleurs rares en Iran, de voir, entendre, sentir les animaux, de comprendre les techniques de tissage, d'observer la traite des chamelles, ... Et puis, nous avons reçu des voiles, des foulards, des biscuits, des bonbons, ... Plusieurs hommes du village ont tiré l'eau du puits au seau pour remplir le réservoir de Baloo. Tout les gens du village étaient présents lors de notre départ et sont restés sur le bord du chemin jusqu'à n'être plus que des petits points dans l'immensité et le vent des steppes. Les souvenirs regorgent dans l'appareil photo; les femmes turkmènes se laissant volontiers photographier, au contraire de la plupart des Iraniennes et surtout des Emiraties (quasi impossibles à immortaliser). C'est légèrement perturbés par ce que nous venions de vivre que nous avons fait une halte à Gonbad-é-Kavus en vue de visiter le mausolée et de faire quelques courses. Nous reprenons notre chemin vers la mer Caspienne. Il y a une foule incroyable, les conducteurs sont plus mauvais que jamais, le temps est maussade et honnêtement, les bords de la Caspienne, de l'est jusqu'à Astara à la frontière avec l'Azerbaïdjan, sont parmi les endroits les plus moches que nous ayons jamais vu! Pour peu, on pourrait se croire en Inde tant il y a des ordures sur les bords de routes et des vaches en liberté pour les manger. Une chose positive dans cette région quand même: le froid et les accidents nombreux nous offrent un repos certain au niveau de la police qui tente de maintenir un semblant d'ordre sur les routes. Les Iraniens sont des anges de patience. Dans pareil contexte, chez nous, il ne faut jamais longtemps avant d'entendre des klaxons de tous les côtés ou de voir des hommes s'empoigner. Alors que nous voulons visiter le village de Massuleh, que nous sommes enfin sur la bonne route après avoir tourné en rond dans les bouchons et à cause des routes interdites au camions, nous tombons quand même sur la police. D'emblée, les casquettés nous semblent louches. Dans les pays musulmans, la police vous sert toujours la main avant d'entamer n'importe quelle conversation, que vous soyez en tort ou non. Pas ceux-ci! Ils regardent les passeports qui sont en ordre. Ils analysent le CPD en ordre également. Ensuite, il trouve un papier, en farsi, qui stipulerait qu'il nous fallait des plaques d'immatriculation iraniennes. Certes, nous en avions entendu parler à l'aller mais lorsque nous avons demandé aux nombreux policiers rencontrés à l'époque, aucun ne savait de quoi il s'agissait. Même lorsque nous avons passés quatre heures au poste de police de Kashan, toujours à l'aller, alors que nous avons eu droit à de nombreux policiers et militaires, à des chiens de la brigade anti-drogues et Baloo a un book de photos dignes des plus grands top-models, personne ne nous a posé de problèmes par rapport à nos plaques belges. Celui-ci, par contre, nous confisque le CPD et la carte grise. Comme à chacun de nos contrôles, un attroupement se forme rapidement et chacun y va de son commentaires en farsi. Un Iranien téléphone à un copain qui parle anglais en vue de nous aider un peu car, bien sûr, le policier ne parle aucune des langues que nous connaissons. Le gars au téléphone ne dit qu'une chose: 'No police, don't go police!!!'. Oui, on sait qu'il ne faut pas aller à la police mais que faire? Le flic, le regard fuyant, le sourire moqueur a son idée que nous ne comprenons pas. Le temps passe en dialogue de sourd et on commence à paniquer. Surtout, ne pas le monter... Survient une jeune Iranienne qui nous accoste en allemand et nous propose son aide. Ouf!!! On lui explique la situation et elle nous traduit ce que demande le flic. Il veut que nous allions chercher des plaques iraniennes à Bandar-Abbas, à plus de trois mille kilomètres de là où nous sommes; en avion, en train ou en taxi. C'est impossible pour nous, bien sûr, d'autant que nos visas approchent tout doucement de la date d'expiration et que nous avons encore de la route à faire. S'ensuivent de nombreux palabres. La jeune femme a un avis bien tranché: 'En Iran, la police, c'est une grosse m....!'. Bon, franchement, sur le très grand nombre de policiers ou militaires rencontrés, la plupart étaient très corrects et nous n'avons jamais eu à subir une quelconque corruption. Cette fois, nous n'allons pas y couper; ce sera Bandar-Abbas ou un énorme bakchich. Discussions dans tous les sens jusqu'à ce que la jeune femme nous annonce tout sourire: 'C'est bon, il vous laisse aller!'. Là, nous avons eu chaud malgré le temps glacial. Nous avons eu vraiment peur... A nouveau, c'est une Iranienne qui nous a aidé. Il nous semble vraiment important de faire la distinction entre les Iraniens lambda, comme vous et nous, qui sont extraordinaires et, de l'autre côté, le gouvernement et certains policiers qui sont tels que le disent et le montrent les télévisions occidentales. A ce propos, suite à notre mois et demi (aller-retour) en Iran, nous aimerions quand même signaler que nous trouvons les informations données aux journaux télévisés belges un peu partiales, ce qui fait que beaucoup de Belges ou d'Européens ont excessivement peur de l'Iran. Côté Iranien, ils reçoivent des informations complètement tronquées également (bien plus que nous) et des émissions à propagandes dangereuses, ce qui génère une crainte injustifiée envers certaines nationalités, dont les anglais et les américains. Par exemple, à l'ambassade d'Iran à Abu Dhabi, en attendant nos visas, nous avons assisté à une émission iranienne anti-juive, avec croix gammées et tout une série de symboles et d'images qui peuvent donner, à certains individus, les pires idées. Nous vous avons aussi parlé plus haut de la propagande anti-américaine. Quoiqu'on pense des Américains, là encore, il serait bon de ne pas assimiler le citoyen ordinaire et le gouvernement. Bref, des gens mauvais, il y en a partout; des gouvernements foireux également mais dans l'absolu, plus d'une fois, nous nous sommes sentis plus en sécurité en Iran que dans bien des quartiers de chez nous. Autre chose: en plus des policiers de la route, en plus de la police civile, en plus des militaires, il y a la police gardienne des bonnes mœurs. Plusieurs fois, nous avons été questionné sur nos liens de parenté et nous fumes heureux d'être mariés et de pouvoir le prouver. Nous nous demandons même si la cause de mon refus de visa ne vient pas simplement de là: en effet, sur les passeports belges, nous ne trouvons nul part le nom de femme mariée mais uniquement le nom de jeune fille. Or, un couple non marié ne peut pas circuler ensemble en Iran sans justifier d'un lien de parenté. Cela expliquerait aussi que j'ai pu avoir le visa en faisant une demande via une agence puisque nous nous sommes présentés comme étant un couple marié avec enfants dont un membre seulement n'a pu obtenir le précieux sésame. Cette question, nous y avons eu droit à l'agence saoudienne également où nous avons du fournir une copie de notre livret de mariage. Bref, après notre échec près de Massuleh, nous sommes retournés aussi vite que possible sur les bords de la Caspienne, pressés de nous éloigner de ces flics malhonnêtes, conscients que seule la population présente massivement à pu nous éviter de graves ennuis. Le bord de mer est toujours aussi sale et, en plus, sacrilège, nous n'avons même pas trouvé de caviar (donc, papa, ne te réjouis pas :-). Nous arrivons enfin à Astara, ville frontière avec l'Azerbaïdjan que nous manquerons faute d'avoir pu obtenir le visa. Les miradors sont espacés les uns des autres de quelques kilomètres seulement, la clôture entre les deux pays est garnie de barbelés, les militaires sont omniprésents: l'ambiance n'est pas à la fête! Nous nous arrêtons dans un restaurant histoire de liquider un peu nos rials et nous nous retrouvons une fois encore l'attraction des lieux. On arrive quand même à prendre un copieux repas avant de sacrifier à une séance de photos. Nous serons remerciés par des verres de thé et un gros paquet de morceaux de sucre (nous adorons le sucre iranien!). En moins de dix jours, nous sommes passés d'une des régions les plus chaudes du globe, le Golfe Persique à la région d'Ardebil qui est la plus froide d'Iran. Il neige! La police bloque les routes, en particulier celles que nous devons prendre, vers la Turquie! C'est bien notre chance! Nous voilà contraint de faire, comme des centaines d'autres, demi-tour. On essaie d'autres voies mais ce n'est guère mieux. Finalement, on voit un chasse-neige et on décide de le suivre et de réessayer la première route. Après de kilomètres de bouchons, les policiers nous font de grands signes car ils nous reconnaissent et cette fois, alors que seuls peuvent passer les habitants des villages voisins, ils nous laissent passer. Ouf! Nous roulons hyper lentement car on n'y voit rien. Nous bivouaquons à Nir, où il y a quatre-vingt centimètres de neige par endroit. Les enfants sont ravis!!! Ils auront quand même la neige dont il n'ont pu profiter en Belgique! Ils jouent et reviennent trempés, le visage rosi par le froid mais heureux comme tout. Nous nous arrêtons le lendemain dans un petit village proche de la frontière afin de pouvoir passer cette dernière au matin. Nous sommes garés près d'un petit bureau de poste. Les employées nous permettent de remplir le réservoir à eau de Baloo et nous servent du thé après avoir fait venir un gamin avec du sucre, directement du village. Les jeunes viennent nous saluer rapidement alors que les aînés sont plus méfiants. Comme souvent, ils veulent visiter Baloo. Nous sommes occupés, Silvio leur montre seulement la cabine. Un des jeunes monte tandis qu'un second offre des paquets de chips à Silvio. Le temps que ce dernier se retourne pour prendre les paquets, il remarque que le seul objet de valeur de la cabine, notre précieux GPS, a disparu. Difficile d'accuser... Pourtant, le doute n'est pas permis! Discussion avec le plus âgé qui parle quelques mots d'anglais, tout le monde cherche... Finalement, un des jeunes 'retrouve' le GPS à côté de la roue avant du côté opposé. Nous ne sommes pas dupes, le GPS est tout chaud, comme un GPS qui vient de séjourner dans la poche d'un blouson! Ils disent que c'est une blague... On se quitte en bon terme, heureux d'avoir récupéré notre outil de route et surtout, toutes les données qu'il contient par rapport à nos précédents bivouacs. A force de rencontrer de gens gentils comme tout et de faire visiter régulièrement la camion, nous avons été moins vigilants. Ils reviennent nous saluer le lendemain matin et nous souhaiter une bonne route, nous permettant de conserver l'excellente image que nous avons des Iraniens. La route défile et la magnifique silhouette enneigée du Mont Ararat se profile à l'horizon. Le mal de ventre aussi, tant nous sommes stressés à l'idée de repasser le pire poste frontière que nous connaissons. Stress qui va crescendo jusqu'à atteindre son apogée lorsqu'un douanier nous envoie dans le bâtiment où sont vendues les cartes fuel afin de se faire apposer un cachet sur un document. Le problème est que nous n'avons pas pris la carte fuel. Nous n'avons jamais eu de soucis pour remplir les réservoirs, sauf parfois sur les bords de la Caspienne, pendant Nowruz parce qu'il n'y avait quasiment pas de camions en circulation. Le seul document que nous avons pu présenter est le document de l'aller qui justifie d'une carte fuel qui ne couvre que la distance aller-retour entre la frontière turque et Tabriz. Ce document est vieux de plus de six mois, ne colle pas du tout avec la durée de nos visas ni avec le fait que nous n'arrivons pas de Turquie mais du Golfe. Nous nous attendons à une catastrophe style: payer les mille huit cents euros qu'aurait couté la carte et payer une amende en plus. Comme nous ne disposons pas de cette somme et que les ATM n'acceptent pas les cartes de banque étrangères en Iran, nous sommes dans de beaux draps! C'est ça aussi, l'Iran: des invitations jusqu'au dernier jour mais des stress permanents. Silvio arrive liquéfié au bureau et reçoit son cachet après payement de vingt mille rials (soit un euro trente) et un petit bakchich de l'ordre de cinq euros! Ouf! Ensuite, nous sommes aidés dans toutes les démarches qui ne durent qu'une petite heure. Plus aucun 'cadeau' n'est demandé par nos aides. Bravo et merci à eux! Nous voici en Turquie!!! Premier geste; ôter le voile! Première parole des Turcs: 'Welcome in Turkey!'. Sinon, juste une petite parenthèse: Nicolas et Romane ont eu leur second 'bulletin' et ils ont réussi à fort bien travailler malgré des circonstances parfois difficiles comme la chaleur, le froid, le bruit, les petits oiseaux à regarder par la fenêtre, les invitations qui interrompent les devoirs, les tentations d'aller jouer, ... Nous donnons toujours deux heures de cours par jour , plus ou moins entre 22 et 26 jours par mois, sauf en Inde où nous n'avons pas eu beaucoup de temps et lors de cette traversée de l'Iran, pour la même raison. Romane a quasiment terminé le programme officiel et il ne lui reste que néerlandais et éveil. Nicolas, quant à lui, a également, en plus de ces deux branches, du retard en mathématiques car il a bien plus difficile à se concentrer sur ses cours., Par rapport au voyage, Romane accroche bien, trouve toujours des points positifs à tout, profite de ce qu'elle voit, semble heureuse et reste une petite fille très facile à vivre et à contenter. Nicolas a plus dur; rien ne semble lui plaire, que ce soit en ville, à la mer, à la montagne ou dans les campagnes. Aucune visite ne trouve grâce à ses yeux. Il n'aime pas la nourriture que nous mangeons, ni l'eau que nous buvons. Il déteste faire l'école et pense comme nous ne valons rien comme instituteurs. Bref, c'est un combat de tous les jours et, à ce stade du voyage, malgré tout ce qui lui a été offert, nous sommes assez déçus et nous nous demandons même ce que nous ferons lors de nos prochaines vacances tant il est parfois pénible d'avoir à le tirer pour tout. A bientôt pour la suite qui sera pour vous comme pour nous une surprise...
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Commentaires
A
Chère Françoise et la famille,<br /> <br /> je découvre tes nouveaux écrits après un mois d'absence car j'étais en vacances.<br /> Vous m'épatez tous de vivre toutes ces aventures, avec leur lot de bonnes choses et d'autres un peu plus mitigés.<br /> Il faut avoir les nerfs solides !Quand je vois ce que vous traversez, même si comme à chaque fois depuis votre départ de Belgique, vous rencontrez des gens formidables, vous avez aussi de sacrés moments de doute à affronter, mais vous vous en sortez toujours et c'est bien le principal.<br /> J'ai beaucoup de retard de lecture à rattraper, tu n'as pas chômé une fois encore.<br /> De gros gros bisous à tous les 4.<br /> Vous avez toute mon estime !
A
Bonjour,<br /> Je me régale toujours avec un plaisir immense à lire les récits de votre voyage. C'est trop bien raconté, on le vit à travers vous, quant à vos enfants si vous ne leur donnez pas l'envie de l'aventure, vous aurez pourtant tout fait. Continuez à nous faire rêver et poursuivez ce magnifique périple sans trop d'embûches j'espère, se doit être formidable cette vie là. Bien à vous. Une lectrice du Sud Ouest de la France, région bordelaise. Annie.
M
Bonjour <br /> Quel excitant voyage !!! je me posais la question aprés avoir visonné les photos , lu les commentaires du carnet de voyage si votre mémoire serait assez garnie pour conserver cette multitude immense de souvenirs , images!!!! <br /> Faire la queue au supermarché paraitra bien dérisoire aprés les heures passées en attente d'un cachet ... Continuez à nous faire partager ce périple Amicalement Danielle
M
Merci de tout coeur de votre long commentaire que je lis toujours avec autant de curiosité et d'enthousiasme. C'est mon cadeau de Pâques, mes cloches à moi ! Je suis quand-même contente pour vous que l'épisode des douanes, visas et autres réjouissances soient derrière le dos... Quel stress cela a dû être. Bonne continuation et bonne fête de Pâques aussi.<br /> Bien à vous<br /> Marie-Noëlle.
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