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Vivre et découvrir
9 septembre 2009

Des nouvelles de Kahta, 1.

Bonjour à tous,

Nous vous avions quitté à Ankara. Je reprends donc mon récit là où je l’avais laissé.

Au jour 47, comme nous sommes samedi et que nous ne pouvons rien faire par rapport à nos visas, nous décidons de faire quelques courses plus importantes dans une galerie commerçante dénichée au hasard sur le périphérique et, ensuite, de quitter la ville pour un endroit plus vert en vue de passer notre week-end.

En fait d’endroit vert, nous nous retrouvons au bord d’un lac que nous ne voyons pas, ce dernier étant entouré de roseaux et de marécages. La terre est brune et l’herbe est brulée par le soleil. Qu’importe… Nous pouvons organiser un lâché d’enfants, sommes au calme et n’avons pour voisins qu’une paisible famille de bergers.

Le dimanche voit arriver une Romane pour une fois très matinale. C’est que les cadeaux n’attendent pas !!! Huit ans, ça se fête, voyage ou pas. Elle fut ravie de ses cadeaux que nous avions acheté bien à l’avance en Grèce. Elle a aussi été fort étonnée de voir tant d’avions et d’hélicoptères dans le ciel. En plus de l’anniversaire de la naissance de notre fille, la Turquie fête le Zafer Bayrami, à savoir, la victoire remportée par l’armée turque républicaine sur les Grecs en 1922 pendant la guerre d’Indépendance. Elle fut donc un peu déçue quand nous lui avons remis les pieds sur Terre en lui précisant qu’il y avait d’autres événements à fêter que son anniversaire et que ces oiseaux de fer n’étaient pas venus pour elle. Sil et moi lui avons confectionné (ainsi qu’à nous-mêmes) un savoureux gâteau au chocolat pendant qu’elle et Nicolas profitaient des nouveaux jouets. Le soir, les enfants bien fatigués et nous bien reposés, nous avons repris la route vers notre parking de Cankaya dans le but de commencer nos démarches dès la première heure le lendemain matin. Le Président a encore du traverser la ville et cette fois, c’est juste avant l’entrée d’un tunnel que nous avons du nous mettre de côté afin de laisser passer son cortège à vive allure.

Au jour 49, nous filons à l’ambassade d’Iran. Nous sommes reçus assez rapidement et avons déjà rendez-vous le lendemain matin pour revenir chercher les documents. Les détails quant à leur obtention figurent dans le message suivant qui sera classé sous la rubrique ‘visas’. Nous prenons ensuite un taxi vers l’ambassade des Emirats Arabes Unis. Ce taxi nous permet de gagner du temps car Cankaya est assez étendu mais il nous sert aussi de guide car nous n’avons pas trouvé la moindre carte d’Ankara. Nous nous dirigeons donc soit à pieds à l’aide des points GPS que nous avons glané par ci par là, soit en taxi avec les adresses. Pendant que les enfants regardent et jouent avec des chatons, nous coupons nos GSM et allons quérir les informations nécessaires à l’intérieur.  Nous reprenons ensuite un autre taxi et passons de l’autre côté de Cankaya à l’ambassade du Sultanat d’Oman. Ce dernier a déménagé ! Malgré un énorme travail de préparation, deux des trois ambassades recherchées ont déménagé en moins d’un an. Sans carte et sans parler le turc, ce n’est pas évident… Heureusement, l’ancienne ambassade d’Oman avait pour voisine directe… l’ambassade belge ! Nous rentrons donc babeler un peu français et demander la nouvelle adresse. Nous reprenons encore une fois un taxi qui nous emmène à quelques pas de l’ambassade des EAU que nous avons quitté trois quart d’heure plus tôt ! Malheureusement, malgré notre course, nous arrivons cinq minutes en retard. Je me cramponne un peu à la grille pour tenter d’apercevoir âme qui vive et faire ma tête de chien battu et un garde finit par venir nous ouvrir. Un Omanais se renseigne alors, tout en nous laissant dehors. Il semblerait qu’il n’y ait aucun problème pour acheter ce visa à la frontière, en arrivant. Nous retournons donc à notre parking, tout heureux d’avoir pu boucler notre tour en une matinée. La réponse à notre petite devinette était donc : Iran, EAU, Oman… Personne n’a trouvé, nous ne vous écrirons donc pas ! Non, je rigole, merci à tout ceux qui ont fait des propositions ;).

Nous repassons le lendemain chercher nos documents iraniens et quittons Ankara qui est tout à l’opposé d’Istanbul : modernité/tradition, tops et shorts fréquents/ voiles omniprésents, réveil au son des véhicules /réveils au son des mosquées… Nous avons clairement préféré Istanbul.

Nous nous dirigeons à présent vers la Cappadoce et trouvons un bivouac dans des champs (nous aimons beaucoup le calme des campagnes). Nous préparons tranquillement le repas lorsqu’un enfant vient nous parler. Au moins nous comprenons, au plus il crie ! Finalement, des membres de sa famille le rejoignent et nous repérons, dans un dédale de mots, le son ‘çay’ ! Ca y est, on a compris… Il nous invite à prendre le thé ! En fait, il nous faut déménager car c’est la saison de la mise à feu des champs. Le gamin monte dans Baloo et nous guide chez lui, dans une station-service. Nous voici reçu comme des rois. On nous sert du thé et de l’orangeade ainsi que des pâtisseries turques. Nous ‘parlons’ véhicules. On explique le projet comme on peut à l’aide de cartes et de dessins. Il est surprenant de constater qu’en Belgique, tout le monde craint notre passage en Iran alors qu’ici en Turquie, notre tracé n’étonne personne. Vers vingt-trois heures, un membre de la famille parlant allemand nous téléphone (via la station-service) tout spécialement pour nous parler et nous souhaiter la bienvenue en Anatolie centrale !

Le lendemain, nous nous réveillons au son des cloches suspendues au cou des moutons conduits en prairie par Bechir (le gamin d’hier) et Osman, son ainé. Ils sont ravis de nous montrer les agneaux, le bélier et tout ce qui fait leur vie en dehors de la station-service. Nous commençons l’école et sommes appelés par Bechir car un Monsieur veut nous voir. En fait, cet homme travaille juste à côté de la station-service comme mécanicien tracteur et nous a préparé tout un petit-déjeuner dans son entrepôt. Quel accueil !!! Ils nous regardent tous manger et boire le thé, eux s’abstenant pour cause de Ramadan ! Bechir et Osman nous font visiter une ville souterraine après que nous leur ayons expliqué que c’est en cherchant cette ville que nous sommes arrivés dans leur village. Nous sommes seuls avec eux car le site est fermé pour cause de rénovation. Qu’à cela ne tienne, ils connaissent le gardien, prennent la clef et nous voilà parti. Merci à eux et à leur famille pour tout. Nous discutons encore un peu et reprenons notre route tout émus de cet accueil.

Alors que nous remplissons les entrailles de Baloo d’eau à une fontaine (au seau… Le voyage, c’est dur J), un tracteur s’arrête et nous reconnaissons une des personne vue à la station. Ce monsieur a vécu des années au Pays-Bas et parle donc néerlandais. Qui aurait cru que cette langue nous servirait en pleine Anatolie centrale ??? Pas nous, en tout cas ! Bref, nous comprenons très bien le message : ‘Puisque vous avez gouté au thé, que diriez-vous de venir prendre un vrai café turc chez moi, dans le village d’à côté ?’. Ainsi fut offert, ainsi fut fait. Peu de temps après, nous voici tous les quatre installés dans la ferme collective où il vit avec ses parents, des frères, des sœurs et une ribambelle d’enfants. Cafés, orangeades, pâtisseries… A nouveau, quel accueil ! Nicolas ne mange pas grand-chose car nous craignions toujours qu’il y ait des arachides ou autres fruits oléagineux dans les plats. Devant l’étonnement de nos hôtes, nous expliquons la situation. Qu’à cela ne tienne, Nicolas mangera aussi car la femme d’Ali (le Monsieur au tracteur) nous prépare tout un repas dont nous serons à nouveau les seuls à profiter : pâtes, pains grillés, fromage, bœuf, légumes… Nous visitons les lieux et les enfants regardent les bêtes. Le métier d’Ali consiste à acheter des veaux et à en faire de valeureux taureaux avant de les revendre.

Nous reprenons la route bien plus tard, après que toute la famille ait visité Baloo. Nous sommes tout émus une fois encore et le trajet se passe dans le silence, chacun revivant ces moments très riches en partage. Merci, encore une fois…

Nous ne connaissions aucunes de toutes ces personnes rencontrées. Elles vivent bien plus pauvrement que nous en Belgique, nous ne les reverrons probablement jamais et pourtant, leur accueil a été sans limite de temps, sans limite de nourriture. Nous sommes repartis avec des fruits, des crêpes turques, des légumes, … Ca fait réfléchir…

Le soir, nous trouvons un site typique de Cappadoce à Gülsehir. Nous sommes accueillis avec du raisin. Nous demandons au gardien si nous pouvons dormir sur le petit parking après avoir visité le site. Pas de problème ! Le site va fermer mais le gardien nous laisse les toilettes ouvertes, l’eau potable à volonté, le verger pour manger et il y a même une petite table dehors, sous les vignes, éclairée. Super bivouac. En soirée, on nous appelle… Un habitant présent à notre arrivée nous apporte des feuilles de vignes farcies de riz et confectionnées à notre intention. Quelle journée exceptionnelle !!!

Vous l’aurez compris, nous sommes ravis de notre séjour en Turquie. Nous sommes surtout heureux de voyager comme nous le faisons et d’avoir la possibilité de voir autre chose que les sites touristiques bondés et ayant perdus toute authenticité. Je vous expliquerai dans le prochain message la différence entre les contacts des ces derniers jours et ceux des jours suivants, en plein cœur de la Cappadoce. A très bientôt, donc…

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Commentaires
F
Hello Silvio et famille !<br /> Ton papa a eu la bonne idée de me communiquer l'adresse de votre blog et j'ai beaucoup de plaisir à lire vos aventures, c'est passionnant !<br /> Petite question : est-ce que les enfants n'ont pas trop l'ennui de leurs copains-copines ?<br /> Bonne continuation !<br /> Gros bisous belgo-suisses à tous.<br /> Florence, Gaëtan et Loïc
M
Rien qu'un mot SUPER, Tu pourrais envisager de faire des conférences à ton retour afin d'expliquer l'accueil en site non touristique.Magnifique, tu nous entraînes avec toi, avec vous....Bisous
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